Développer notre compréhension du métavers

L’évolution de l’internet (web 1.0 + web 2.0) nous a apporté un sentiment de crainte mais aussi d’espoir. Les problèmes que la technologie a résolus et aussi créés sont multiples, complexes et dynamiques. À l’aube du Web 3.0 – NFT, DAO, DeFi, technologie Blockchain, VR/AR/XR et tout ce qui constitue le métavers – la question est de savoir si son évolution continuera à fournir des solutions innovantes et si le Web 3.0 apportera des solutions à certains des défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés.
Aujourd’hui, en ce moment même, nous avons la possibilité de guider et de façonner l’avenir. Je travaille à l’intersection des arts, de la culture, de la santé mentale, de la psychologie et de la technologie. Grâce à cette expérience multidisciplinaire, je suis parfaitement conscient que le domaine de la réalité virtuelle, qui constitue la base du métavers, utilise une terminologie « empruntée » à la psychologie, au bien-être du corps et de l’esprit et aux pratiques de santé mentale. Des terminologies telles que : Embodiment, Présence, Immersion, Intégration multi-sensorielle, Interoception, Proprioception, Sens de l’Agence, Conscience corporelle.
Les leaders du métavers parlent de présence, d’immersion, d’agence, de propriété, d’intégration, mais je me demande s’ils connaissent l’intention originale de ces termes ? Le contexte de leur utilisation dans la réalité virtuelle s’est transformé pour décrire les capacités de la technologie à concevoir et à construire des environnements virtuels synthétiques et immersifs avec des fonctions et une fidélité accrues et améliorées. Pendant ce temps, ces environnements virtuels encouragent en fait un sentiment de désincarnation, de présence réduite, de suppression de l’agence dans notre monde organique et biologique. En effet, les praticiens somatiques, les praticiens de la santé mentale basée sur le corps, les facilitateurs de l’esprit et du corps connaissent vraiment l’intention originelle de ces mots.
Le métavers est la représentation de mondes possibles et donc de soi possibles, dans le but de les faire apparaître, et de les faire sentir, aussi réels que possible.
Tous les sens sont impliqués dans le développement du schéma corporel, y compris les schémas sensoriels auditifs, haptiques, gustatifs, visuels, olfactifs, kinesthésiques, vestibulaires et somatiques. La vision fournit des informations optiques sur la forme de notre corps, les sens vestibulaires nous renseignent sur la position du corps par rapport à l’environnement, tandis que les sens somatiques nous fournissent des informations tactiles et positionnelles sur le corps dans l’espace.
Le philosophe phénoménologue Drew Leder a souligné que le corps tend à entrer dans notre conscience principalement en cas de maladie, de fatigue ou de difficulté à accomplir une activité pratique. En revanche, dans nos activités quotidiennes, nous sommes largement inconscients de notre corps. Au contraire, nous sommes engagés et immergés dans nos diverses activités pratiques. Dans ces occasions, nous n’avons pas à penser consciemment à la façon de marcher, de courir, d’atteindre, de saisir ou à d’autres activités similaires. Par conséquent, la conscience corporelle est précognitive la plupart du temps.
Quelles sont les implications sur notre conscience corporelle authentique dans le métavers ?
Le principe d’organisation d’un « schéma » corporel est au cœur de la plupart de ces recherches. Le schéma corporel est un concept bien établi dans les sciences psychologiques qui fait référence à la connaissance implicite de la position relationnelle de son corps et de ses parties dans l’espace et le temps. Le schéma corporel est conçu comme dynamique et relationnel, étant constamment restructuré par l’acquisition de nouvelles compétences et de nouveaux mouvements. Il est supposé que la conscience (consciente et inconsciente) et le mouvement du corps permettent la distinction fonctionnelle entre la nature du corps physique et celle de notre corps étendu dans l’espace. En tant que tel, le schéma corporel fournit la base d’une interaction humaine significative dans l’environnement.
Ce qui est historiquement nouveau – créant non seulement de nouveaux risques psychologiques mais introduisant également des questions sur la complexité éthique et légale engendrée – est l’intégration de l’esprit conscient et inconscient d’un être humain physique dans le métavers numérique.
Nos corps organiques et nos cerveaux, qui ont évolué dans des conditions très spécifiques et sur des millions d’années, sont désormais imbriqués et intégrés informatiquement dans des systèmes techniques permettant de représenter des réalités possibles. De plus en plus, ils sont non seulement culturellement et socialement intégrés, mais aussi façonnés par une niche technologique ou « IA », animée par une dynamique autonome et des propriétés toujours nouvelles. Cela crée une involution complexe, une boucle de rétroaction ou un flux d’informations dans lequel l’esprit biologique et l’IA s’influencent mutuellement d’une manière que nous commençons à peine à comprendre. Ce sont ces relations complexes qui font qu’il est si important de réfléchir à l’éthique du métavers d’une manière critique, fondée sur des preuves et transparente.

Alors qu’est-ce que j’essaie de dire ? En résumé, si nous devons utiliser les terminologies d’incarnation, de présence, d’immersion, d’intégration multisensorielle, d’interoception, de proprioception, de sentiment d’agence et de propriété, dans le contexte du métavers et de la technologie qui le soutient. Nous devons utiliser ces termes dans leur sens holistique, car ils se rapportent à la fois au monde virtuel et au monde organique, afin de garantir que le contexte de l’interaction humaine relationnelle soit compris dans son intégralité non seulement par les humains, mais aussi par l’IA que le métavers construira…..

Adapté de Medium

 

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