La foi du PDG milliardaire de Meta Platforms dans le secteur des crypto-monnaies reste intacte. Mais a-t-il vraiment le choix ?
Mark Zuckerberg, PDG de l’empire des médias sociaux Meta Platforms, croit fermement au métavers, un monde virtuel immersif dans lequel les gens interagissent à l’aide d’avatars numériques.
Dans ce monde virtuel, qui est le prochain grand projet de Meta, les jetons non fongibles (NFT) joueront sans aucun doute un rôle important. Les NFT sont un moyen d’affirmer la propriété d’un élément de contenu en ligne, comme une photo ou un enregistrement. Alors que les NFT étaient le mot à la mode depuis le début de l’année (à cause de la Fear of Missing Out, ou « FOMO »), ils semblent avoir perdu de leur éclat.
Le marché des NFT est froid. Le volume des transactions sur OpenSea, l’Amazone des NFT, a baissé de 99 % en un peu moins de quatre mois, selon DappRadar. Alors que la plateforme traitait un montant record de 2,7 milliards de dollars de transactions NFT au 1er mai, la place de marché n’a enregistré que 9,34 millions de dollars le 28 août. Les prix se sont également effondrés.
Actuellement, des entreprises de luxe comme Chanel et Gucci se sont emparées des NFT, qui sont aussi un moyen efficace de fidéliser les clients et de créer des programmes de fidélité uniques. En effet, les NFT permettent au monde du luxe de recréer une impression d’appartenance à un cercle restreint, ce qui correspond à l’image véhiculée par le luxe.
La très discrète et élégante marque française Hermès vient d’ailleurs de déposer une demande de marque auprès de l’Office américain des brevets et des marques (USPTO) pour protéger un logiciel téléchargeable permettant de visualiser, stocker et gérer des biens virtuels, des objets de collection numériques, des crypto-monnaies et des NFT « pour une utilisation dans des univers en ligne. »
Il est logique de voir la maison de luxe française vouloir donner aux acheteurs de son très populaire sac Birkin le sentiment d’appartenir à un club très distingué et rare en leur proposant de créer un NFT de ce sac ou de ses célèbres bouchons de soie.
Espérant encourager le même air d’exclusivité, Zuckerberg veut récupérer les NFT et encourager les masses à adopter cette pièce importante de ce métavers qu’il essaie de nous vendre à tout prix. Meta vient d’annoncer qu’après Instagram, Facebook accueillera les NFT.
Les utilisateurs pourront partager leurs images certifiées sur leurs profils. Comme sur Instagram, les images ressembleront à n’importe quelle publication avec l’ajout d’un petit badge estampillé » Digital collectible » en bas à gauche pour les différencier. Il faudra également connecter son porte-monnaie virtuel à l’un des deux réseaux sociaux pour pouvoir ensuite l’utiliser sur l’autre plateforme.
Avec ses 3,65 milliards d’utilisateurs au 30 juin, Meta espère relancer l’intérêt pour les NFT et gagner de l’argent. Il n’est pas sûr que l’entreprise et son PDG milliardaire y parviennent. Pour commencer, ils devront prouver que la valeur de ces objets de collection numériques ne repose pas sur une pure spéculation.
Le gros problème avec Zuckerberg et ses métavers, c’est qu’on a parfois l’impression qu’il n’a pas d’autre choix que de s’accrocher à ce pari qui, pour l’instant, est loin d’être payant. Reality Labs, la division qui abrite les projets de métavers de Meta, a enregistré une perte d’exploitation de 2,81 milliards de dollars au deuxième trimestre. Au premier semestre, les pertes s’élevaient à 5,8 milliards de dollars. Pour l’ensemble de l’année 2021, Reality Labs a enregistré une perte de 10,2 milliards de dollars.
Le grand test est à venir
Certains projets liés aux métavers, notamment les casques de réalité virtuelle, ont déjà connu un certain succès. Le casque Meta Quest s’est vendu à 8,7 millions d’unités en 2021, ce qui indique que la réalité virtuelle (RV) a un public qui dépasse la base centrée sur les jeux vidéo pour laquelle elle a été créée à l’origine.
En octobre, Meta lancera son nouveau casque de réalité virtuelle qui remplacera le Quest 2. Baptisé Project Cambria, il a été annoncé en octobre 2021 et promet de refléter les expressions faciales des utilisateurs dans la RV pour une expérience métavers plus réaliste. Il est spécifiquement conçu pour un usage professionnel.
Les spéculations vont bon train au sujet de ce casque, les rumeurs disant qu’il sera commercialisé sous le nom de Meta Quest Pro. Il serait doté d’un système de suivi des yeux et du visage qui permettrait de le synchroniser avec les avatars des personnes en temps réel. Le nouveau casque pourrait également transformer les environnements qui vous entourent en environnements virtuels. Si ces fonctionnalités sont confirmées, peut-être sera-ce vraiment le début des interactions sociales virtuelles que Zuckerberg essaie de vendre depuis des mois. Il ne fait aucun doute que de telles originalités susciteraient la curiosité.
« Je pense que les gens vont être assez époustouflés par cela », a déclaré Zuckerberg aux analystes lors de la conférence téléphonique sur les résultats du deuxième trimestre de Meta en juillet.
Admettons qu’il tienne sa promesse d’innovations, quel sera le prix de ce casque ? La rumeur parle de 1 500 dollars. Si ce prix se confirme, il est fort probable que les masses, face à une inflation qui touche actuellement tous les produits de la vie quotidienne, boudent le casque… du moins au début.
Là se trouve le premier vrai test s’il veut sauver les NFT et, au passage, son pari sur le métavers.