Au cours des dernières semaines, de nombreuses personnes m’ont posé la même question : Le métavers est-il mort ? Ce pessimisme n’est pas surprenant, étant donné que l’action Meta a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis l’annonce officielle de son pivot stratégique vers les métavers. Pour ajouter l’insulte à l’injure, la semaine dernière, Meta a annoncé d’importants licenciements dans l’ensemble de l’entreprise, augmentant ainsi la peur dans tout le secteur.
En essayant de faire de mon mieux pour être objectif, je vois les difficultés actuelles de Meta comme un reflet de ses anciennes activités plutôt que comme une indication de l’échec de sa stratégie métavers. Je pense qu’il faudra encore un an ou deux avant de pouvoir vraiment prédire si Meta réussira dans cet espace, ou si d’autres grands acteurs émergeront comme les véritables leaders du métavers.
Ce qui me préoccupe le plus, c’est que le grand public ne sait toujours pas ce qu’est le « métavers » et comment il va profiter à la société. On pourrait penser que c’est clair maintenant, mais même les définitions simples du métavers sont difficiles à trouver. Personnellement, je reproche aux influenceurs de l’espace Web3 de créer la confusion, en décrivant le métavers en termes de blockchains, de crypto-monnaies et de NFT. Ce sont des technologies profondément utiles mais qui ne sont pas plus pertinentes pour le métavers que la 5G, le GPS ou les GPU.
Le métavers ne concerne pas des éléments d’infrastructure spécifiques.
Le métavers ne concerne pas les NFT
J’attire l’attention sur ce point en raison d’une expérience que j’ai vécue lors du Metaverse Summit à San Jose il y a deux semaines. Au cours de cet événement, j’ai assisté à une table ronde sur le thème du « Metaverse Marketing ». Des cadres de nombreuses grandes marques étaient présents. À ma grande surprise, personne n’a abordé de sujets que je considérerais comme pertinents pour le marketing dans le métavers. Au lieu de cela, ils ont surtout parlé de NFT et de stratégies pour attirer les « Web3 natives » et les « degens ». Ce n’est pas le métavers. Si le secteur ne s’attaque pas à cette confusion persistante, il continuera à se débattre.
Répétez après moi : Le métavers ne concerne pas les NFT.
Il s’agit plutôt de transformer la façon dont les humains vivent le monde numérique. Depuis l’aube de l’informatique, l’accès au contenu numérique s’est fait principalement par le biais de médias plats vus à la troisième personne. Dans les métavers, notre vie numérique sera de plus en plus marquée par des médias immersifs qui apparaîtront tout autour de nous et seront vus à la première personne. Cette évolution aura un impact sur tous les aspects de notre vie, qu’il s’agisse de notre façon de travailler, de faire des achats ou d’apprendre en ligne, ou encore de nos relations sociales et de notre organisation. C’est aussi simple que cela : les métavers sont la transition du monde numérique, du contenu plat aux expériences immersives, et croyez-moi, ils ne sont pas morts.
Au contraire, les métavers sont inévitables.
Né comme ça
Pourquoi le métavers est-il inévitable ? C’est dans notre ADN. L’organisme humain a évolué pour comprendre notre monde à travers des expériences à la première personne dans des environnements spatiaux. C’est ainsi que nous interagissons et explorons. C’est ainsi que nous stockons nos souvenirs et construisons des modèles mentaux. C’est ainsi que nous générons la sagesse et développons l’intuition. En d’autres termes, le métavers consiste à utiliser nos capacités humaines naturelles de perception, d’interaction et d’exploration lorsque nous faisons appel à la puissance créatrice et à la flexibilité du contenu numérique. Cela se produira. La seule question qui se pose est la suivante : cela arrivera-t-il bientôt, ou le secteur retombera-t-il dans un autre long et sombre hiver ?
Personnellement, je ne crois pas que l’hiver arrive.
Je le dis en tant que personne ayant vécu le plus long de tous les hivers. Après avoir effectué les premières recherches sur la RV et la RA dans des laboratoires gouvernementaux, j’ai fondé Immersion Corporation en 1993 pour apporter la puissance naturelle des expériences immersives aux principaux marchés. En 1995, l’industrie était en feu, avec un niveau de battage médiatique qui ressemblait à celui du début de 2022. Mais il y a eu l’explosion des dotcoms. Elle a aspiré tout l’air virtuel de toutes les salles virtuelles. C’est parce que l’industrie du capital-risque a brusquement rétréci son champ d’action, déversant jusqu’à son dernier centime dans les start-ups de commerce électronique. Pendant plus de dix ans, la plupart des investisseurs n’ont pas pu prononcer l’expression « réalité virtuelle ». Le métavers a ainsi été plongé dans un hiver glacial qui a duré de 1997 à 2012 environ.
Cela ne se produira pas cette fois-ci.
L’industrie est trop avancée. Le métavers n’est plus dirigé par des startups et alimenté par des fonds de capital-risque. Bon nombre des plus grandes entreprises du monde sont désormais en concurrence pour proposer des produits de RV et de RA sur les marchés grand public. Certains disent qu’il s’agira d’un secteur étroit destiné aux jeux, au divertissement et à une poignée d’autres secteurs verticaux ciblés, mais je pense qu’il sera beaucoup plus large que cela. En fait, je prédis que d’ici le début des années 2030, les métavers deviendront un élément central de la vie quotidienne.
Non, je ne suggère pas que nous passerons notre vie dans des mondes virtuels caricaturaux en utilisant des avatars effrayants pour discuter avec nos amis et nos collègues. Les espaces virtuels deviendront beaucoup plus naturels et réalistes. Toutefois, je pense que les mondes purement virtuels seront principalement destinés à des activités de courte durée, à l’instar des films dans lesquels nous nous perdons aujourd’hui. Le véritable métavers – celui qui transformera nos vies – sera ancré dans la réalité augmentée, ce qui nous permettra de faire l’expérience d’un monde réel agrémenté d’un contenu virtuel immersif qui apparaîtra de manière transparente tout autour de nous. C’est de loin la façon la plus naturelle pour nous, humains, d’intégrer le monde numérique dans nos vies. Pour cette simple raison, les métavers sont inévitables.