Pour l’instant, l’histoire commerciale de ChatGPT tient surtout à ce que l’on ne sait pas.
De grandes entreprises technologiques américaines et chinoises se sont précipitées ce mois-ci pour annoncer qu’elles travaillaient sur des outils d’IA similaires. Leurs annonces faisaient souvent référence à ChatGPT, soutenu par Microsoft, tout en divulguant peu de détails sur ce sur quoi elles travaillaient elles-mêmes.
Le chatbot ChatGPT, alimenté par l’intelligence artificielle, a pris d’assaut le monde de la technologie au cours des derniers mois grâce à sa capacité à générer des poèmes et des stratégies commerciales dans une conversation de type humain.
Pourtant, les analystes estiment que cette technologie est transformatrice, ce qui a également été dit à propos de la blockchain et du métavers.
Le paysage concurrentiel
Voici ce que font les entreprises – y compris celles de Chine – dans ce domaine spécialisé de l’IA :
Selon le New York Times, citant des sources, la startup américaine OpenAI s’est empressée de battre ses rivaux en lançant ChatGPT en novembre. La popularité de l’interface publique a grimpé en flèche, que ce soit pour l’aide aux devoirs ou l’élaboration de stratégies.
OpenAI n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Microsoft investit des milliards de dollars dans OpenAI.
Ce financement est essentiel. Chaque conversation ChatGPT coûte quelques centimes, a déclaré le directeur général de la startup en décembre.
Microsoft prévoit de réorganiser son moteur de recherche Bing, peu utilisé, avec des technologies d’OpenAI, afin de concurrencer Google. Mais les premiers utilisateurs de « Bing AI » font état d’inexactitudes et de conversations inquiétantes avec le chatbot.
La précipitation avec laquelle Google a annoncé son outil de recherche basé sur l’IA, Bard, a également révélé des erreurs. La société a demandé à son personnel de réécrire les mauvaises réponses, rapporte CNBC.
Apple a gardé le silence sur ses projets d’IA, et n’aurait rien dit de la technologie liée au ChatGPT lors d’un événement interne consacré à l’intelligence artificielle. Apple n’a pas répondu à une demande de commentaire.
ChatGPT pour les logiciels d’entreprise
La start-up PingCap, spécialisée dans les logiciels de base de données, commercialise déjà un produit basé sur ChatGPT. La société a des bureaux à Pékin et à San Mateo, en Californie.
En janvier, PingCap a lancé « Chat2Query » pour les clients hors de Chine, qui utilise une interface de programmation d’application publiquement disponible d’OpenAI.
Le produit permet aux clients d’analyser en quelques secondes les données opérationnelles de leur entreprise – comme les modèles de voitures les plus vendus – sans avoir besoin de connaître un langage de programmation informatique, a déclaré Liu Song, vice-président de PingCap. Il a précisé que Chat2Query est gratuit pour les clients traitant jusqu’à 5 gigaoctets de données.
« Nous pensons que la révolution ne sera peut-être pas dans la recherche d’IA mais dans toutes les entreprises », a-t-il déclaré. Cependant, il a noté que ces données doivent être organisées de manière standardisée.
Baidu
Baidu, le géant chinois de la technologie et des moteurs de recherche, a déclaré mercredi que son projet de chatbot d’intelligence artificielle sera intégré dans les recherches d’abord, puis ouvert au public en mars.
Le produit s’appelle « Ernie bot » en anglais ou « Wenxin Yiyan » en chinois, a indiqué précédemment la société.
Bien que l’on sache peu de choses sur les capacités d’Ernie bot – et comment elles se comparent à celles de ChatGPT – la plateforme de streaming vidéo iQiyi
a annoncé son intention de se connecter au robot pour la recherche et le contenu généré par l’IA. La start-up de voitures électriques Jidu, soutenue par Baidu, qui n’a pas encore commencé à livrer des voitures, a également déclaré qu’elle prévoyait d’intégrer le robot Ernie.
Alibaba
doit publier ses résultats trimestriels jeudi soir. Le géant chinois du commerce électronique et du cloud a déclaré qu’il testait en interne une technologie de type ChatGPT, et n’a pas fourni de calendrier de lancement. Toutefois, Alibaba a déclaré qu’il travaillait sur une technologie d’IA connexe depuis 2017.
Le rival chinois de l’e-commerce, JD.com
n’a pas non plus communiqué de date de lancement, mais a déclaré que son « ChatJD » se concentrera sur le commerce de détail et la finance. Il aidera à des tâches telles que la génération de résumés de produits sur les sites d’achat et l’analyse financière, a indiqué l’entreprise.
Tencent
qui exploite l’omniprésente application de messagerie chinoise WeChat, a déclaré dans un communiqué qu’elle poursuivait ses recherches sur le traitement du langage naturel. Il s’agit du domaine de l’intelligence artificielle sur lequel repose ChatGPT.
Alors que ChatGPT est devenu ce mois-ci un sujet à la mode en Chine, même pour les médias d’État, les analystes notent que la censure et les réglementations sur les données du pays peuvent affecter le développement de technologies similaires dans le pays. Pékin a mis l’accent sur le développement de ses propres capacités technologiques.
Mercredi, Nikkei Asia a rapporté, en citant des sources, que les régulateurs ont demandé à Tencent et à Ant Group, filiale d’Alibaba, de ne pas offrir d’accès aux services de ChatGPT sur leurs plateformes, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de tiers.
Le rapport ne précise pas de quels régulateurs il s’agit. Le régulateur chinois de la cybersécurité, Tencent et Ant n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.
Toutefois, en termes de capacités techniques, les États-Unis n’ont que quelques mois – et non des années – d’avance sur la Chine dans le domaine de la recherche sur l’IA, a déclaré un cadre de Microsoft aux journalistes ce mois-ci. ChatGPT n’est pas disponible en Chine, bien que Microsoft soit présent dans le pays.
Le cadre a déclaré que l’Académie d’intelligence artificielle de Pékin, soutenue par l’État, est l’un des trois leaders mondiaux de la recherche en intelligence artificielle, avec DeepMind de Google et le partenariat de Microsoft avec OpenAI.
Contenu créatif de l’I.A.
Kunlun Tech
prévoit de publier une version chinoise open source de ChatGPT, dès le milieu de cette année, a déclaré son président Han Fang à CNBC la semaine dernière. Les logiciels open source sont mis à la disposition du public et permettent à quiconque de voir, modifier ou distribuer le code.
La société, qui réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires en dehors de la Chine, a précédemment déclaré que son navigateur web de niche Opera prévoyait d’intégrer ChatGPT dans ses produits, sans que l’on sache exactement quand ni avec quelles fonctions.
Kunlun Tech travaille déjà dans le domaine du contenu généré par l’IA, comme la musique.
Fang a déclaré que son plan de commercialisation consiste à développer d’abord ces outils d’IA. Les créateurs pourront ensuite utiliser ces outils pour créer leurs propres œuvres et les publier sur des plates-formes désignées à des fins de consultation publique, après quoi l’entreprise pourra vendre des publicités, a-t-il précisé. Il prévoit de lancer les plateformes dans le courant de l’année.
Un potentiel transformateur
Fang a déclaré avoir été directement inspiré par la première version de la technologie ChatGPT d’OpenAI en 2020.
« Nous parlons tous du metaverse, mais qui en fait partie ? », a-t-il déclaré en mandarin, traduit par CNBC. « Cela a seulement changé nos informations. Il n’a pas changé nos vies. »
En revanche, il a déclaré que la technologie d’IA générative peut immédiatement apporter de la valeur puisqu’elle opère là où les utilisateurs produisent et consomment déjà du contenu. L’IA générative peut également réduire les coûts de production, permettant aux animateurs et aux locuteurs de langues minoritaires de créer facilement leur propre contenu, a déclaré Fang.
Les implications pour les emplois et les industries restent importantes.
L’arrivée de l’IA telle que ChatGPT signifie que de nombreuses « tâches cognitives » semblent plus faciles à automatiser que le travail manuel, comme dans les usines – une surprise pour de nombreux économistes, a déclaré Anton Korinek, professeur au département d’économie et à la Darden School of Business de l’université de Virginie.
« Ce qui est impressionnant, mais aussi un peu effrayant, c’est que la puissance de ces systèmes n’a cessé de progresser au cours des deux dernières années », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il s’attend à des technologies d’IA plus puissantes rien que cette année.
« Cela impliquera vraiment que ces modèles auront un impact révolutionnaire sur notre économie, sur la productivité, sur les marchés du travail et finalement sur la société en général. »
