Les implications inattendues des nouvelles technologies causent souvent le plus grand tort aux groupes de personnes marginalisées. Par exemple, des préjugés raciaux et sexistes existent dans les algorithmes qui décident automatiquement qui peut voir quel contenu ou comment les photographies sont perçues. Parmi les personnes qui présentent plus de facteurs de risque que celles qui n’ont qu’une seule identité marginalisée figurent les Noirs et les personnes handicapées. Mais peut-on de toute façon accroître l’inclusivité dans les métavers ?
J’ai donc été alarmé lorsque Mark Zuckerberg a décrit sa vision du métavers, un système d’espaces virtuels dans lesquels de nombreux utilisateurs peuvent interagir entre eux et avec des objets numériques, et qu’il a affirmé que cela affecterait tous les produits développés par l’entreprise. Je pense qu’il est crucial d’explorer soigneusement les valeurs ancrées dans cet internet de nouvelle génération en tant que chercheuse qui étudie les intersections entre race, technologie et démocratie, et en tant que femme noire.
Déjà, des problèmes apparaissent. Le harcèlement raciste et sexiste est de plus en plus répandu dans les environnements immersifs pré-métavers d’aujourd’hui. Les avatars, les personnages graphiques que les gens peuvent créer ou acheter pour se représenter dans des mondes virtuels, sont vendus à des prix différents en fonction de la race perçue de l’avatar.
Les personnes issues de communautés marginalisées doivent prendre l’initiative de construire la prochaine version de l’internet afin de s’assurer qu’elle soit inclusive et fonctionnelle pour tous. Pour tenir les grandes entreprises technologiques responsables de servir l’intérêt public, il faudra également adopter des lois musclées. Sans elles, les métavers risquent d’absorber les inconvénients des médias sociaux modernes, voire de les aggraver. 5 façons d’améliorer l’inclusivité dans les métavers.
Faits concrets et rêves utopiques
Les premières visions utopiques de l’internet prédisaient souvent que la vie en ligne serait très différente de la vie hors ligne. Les gens pensaient, par exemple, que l’utilisation de l’internet leur permettrait d’ignorer certains aspects de leur identité, notamment les inégalités de race, de sexe et de classe. Dans la pratique, l’internet est loin d’être racialisé.
Les techno-utopies véhiculent des visions d’avenir souhaitées, mais la réalité des nouvelles technologies ne répond souvent pas à ces attentes. L’internet a nui à la société de manière unique, notamment par la diffusion automatisée de la propagande sur les médias sociaux et par la partialité des algorithmes qui déterminent votre expérience en ligne.
Selon M. Zuckerberg, les métavers permettront de « débloquer un grand nombre de nouvelles expériences fantastiques » en créant un internet plus immersif et incarné. Aussi irréaliste que cette vision puisse être, il est probable que, comme les itérations précédentes d’Internet et des médias sociaux, les métavers auront des effets considérables qui changeront la façon dont les gens interagissent socialement, voyagent, apprennent, travaillent et jouent. Il s’agit d’une vision d’un mode de vie futur, et pas simplement de l’internet.
Tout le monde ressentira-t-il les mêmes effets, ou y aura-t-il des différences ? L’histoire montre que la réponse est non.
Aucune technologie n’est neutre
Les technologies qui sont largement utilisées supposent souvent que les identités et les corps des hommes blancs sont les normes. Les logiciels de reconnaissance faciale fonctionnent moins bien sur les femmes et beaucoup plus sur les femmes à l’apparence plus foncée, selon les recherches de Joy Buolomwini, informaticienne au MIT. D’autres enquêtes ont confirmé ces résultats. Le « regard codé », ou les priorités, préférences et préjugés de ceux qui influencent la technologie, est décrit par Joy Buolomwini du MIT.
Malheureusement, le racisme et la technologie coexistent fréquemment. Même si la race n’est pas une catégorie pour les algorithmes d’apprentissage automatique, la blancheur reste la valeur par défaut de ces technologies. Les électeurs noirs et latinos ont été la cible de tactiques de désinformation en ligne pendant le cycle électoral de 2020, tout comme les femmes politiques et les journalistes noires qui ont fait l’objet de commentaires abusifs ou troublants de manière disproportionnée.
Les métavers m’inquiètent en raison de la façon dont la race et la technologie ont interagi par le passé. La description que fait Zuckerberg du métavers comme une version incarnée d’Internet implique-t-elle que les personnes déjà marginalisées subissent des dommages supplémentaires ?