Aujourd’hui, les progrès technologiques modifient progressivement la pratique de la chirurgie grâce à plusieurs innovations dans les domaines de l’imagerie et de la robotique, entre autres. L’avenir de la chirurgie passera de plus en plus par une coopération entre l’homme et les technologies de santé, qui se complèteront avec succès.
Dans un entretien, le Dr Timothy F. Witham, professeur de neurochirurgie et de chirurgie orthopédique, directeur du Johns Hopkins Bayview Spine Program, directeur du Johns Hopkins Neurosurgery Spinal Fusion Laboratory et directeur associé du Johns Hopkins Neurosurgery Residency, Baltimore, États-Unis, évoque les applications des différentes avancées technologiques en chirurgie et leur potentiel pour accroître les chirurgies moins invasives et s’orienter vers des soins de santé préventifs. Extraits :
Quel est le succès de la réalité augmentée (RA) dans la chirurgie de la colonne vertébrale ?
La réalité augmentée a connu un certain succès. En même temps, plusieurs améliorations sont apportées pour la perfectionner. Actuellement, les indications sont relativement limitées pour la technologie dans la chirurgie de la colonne vertébrale. Elle est utilisée pour placer des implants dans la colonne vertébrale, connus sous le nom de vis pédiculaires, couramment utilisés pour une procédure appelée fusion vertébrale. Nous pouvons utiliser la technologie AR pour placer ces vis avec une grande précision. Mais cela a pour conséquence de prendre plus de temps que d’habitude dans la salle d’opération. De plus, cette technologie entraîne des frais pour l’hôpital. À l’avenir, il faudra notamment la rendre moins chronophage, améliorer son efficacité et l’utiliser pour d’autres aspects de la chirurgie de la colonne vertébrale.
Quels sont les principaux défis liés à l’intégration de ces technologies ?
Certains chirurgiens peuvent être réticents à l’idée de changer leur façon de procéder et ne veulent pas être ralentis. Pour surmonter cet obstacle, il faut leur montrer que ces technologies peuvent contribuer à rendre les procédures plus précises et plus efficaces. Nous devons donc mieux utiliser la technologie et l’améliorer pour qu’elle soit plus facile à utiliser pour tout le monde. Nous n’en sommes pas encore là ; tout le monde n’a pas encore adopté cette technologie, mais les choses vont s’améliorer.
Quelles sont les technologies qui, selon vous, se généraliseront au cours de la prochaine décennie ?
Je pense que nous allons passer au métavers. Des technologies telles que la robotique, l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique, la réalité augmentée et la réalité virtuelle sont toutes en train de se développer et de progresser et vont jouer un rôle clé dans la médecine. Par exemple, ces technologies amélioreront encore les dossiers médicaux électroniques et les technologies d’imagerie, et nous permettront de mieux communiquer par l’intermédiaire d’internet. La médecine aura toujours une composante humaine, mais ces technologies joueront un rôle plus important dans ce que nous ferons à l’avenir.
Comment voyez-vous l’évolution de la chirurgie ?
L’une des principales évolutions dans le domaine de la chirurgie est que nous effectuerons des procédures moins invasives grâce aux progrès de la technologie. Nous mettrons également davantage l’accent sur la médecine préventive et sur la possibilité d’éliminer ou de réduire la nécessité de certaines procédures chirurgicales en évitant que certaines maladies n’atteignent le stade de la chirurgie. À l’avenir, nous serons également en mesure de faire beaucoup plus en matière d’imagerie et de tests avec des analyses de sang et des tests génétiques, où les gens obtiendront un balayage complet du corps. Cela permettra de savoir si les gens sont exposés à certaines maladies et d’élaborer une stratégie de prévention.