Comment les métavers peuvent-ils améliorer la santé publique ?

Le « métavers » s’est emparé de l’imagination du public comme un monde aux possibilités illimitées pouvant influencer tous les aspects de la vie. Les discussions sur l’utilité d’environnements virtuels totalement immersibles étaient initialement limitées à un petit nombre de cercles technologiques et de science-fiction, jusqu’à ce que Facebook soit rebaptisé « Meta » en 2021. Le concept de métavers a suscité beaucoup d’intérêt depuis lors, et les chercheurs commencent maintenant à explorer les façons dont les environnements virtuels peuvent être utilisés pour améliorer la recherche scientifique et sanitaire.

Quelles sont les principales opportunités et incertitudes du métavers qui peuvent nous aider à mieux gérer les maladies non transmissibles ? C’est le sujet d’un article récemment publié dans le Journal of Medical Internet Research, par le professeur associé Javad Koohsari (auteur principal) de la School of Knowledge Science du Japan Advanced Institute of Science and Technology (JAIST) et ses collègues. L’équipe énumère trois façons dont les métavers pourraient être utilisés pour des interventions sanitaires à grande échelle visant les maladies non transmissibles.

Les maladies non transmissibles telles que le diabète, les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies respiratoires chroniques, les cancers et les maladies mentales sont fortement influencées par « l’environnement bâti », c’est-à-dire l’environnement créé par l’homme avec lequel nous interagissons constamment. Les environnements bâtis peuvent affecter la santé directement par des effets aigus comme la pollution ou indirectement, en influençant l’activité physique, le comportement sédentaire, l’alimentation et le sommeil. Par conséquent, les interventions sanitaires qui modifient les environnements bâtis peuvent être utilisées pour réduire la charge sanitaire des maladies non transmissibles.

C’est là que les métavers peuvent être utiles. Les expériences menées dans des environnements virtuels au sein du métavers peuvent être utilisées pour étudier l’efficacité des interventions à grande échelle avant leur mise en œuvre, ce qui permet d’économiser du temps et de l’argent.

« Au sein d’un métavers, les participants à l’étude pourraient être randomisés pour faire l’expérience de différentes expositions à l’environnement bâti, comme une densité élevée ou faible, une marchabilité élevée ou faible, ou différents niveaux de nature ou d’environnements urbains », explique le professeur Koohsari. « Cet article intéressera particulièrement les experts en santé publique, en design urbain, en épidémiologie, en médecine et en sciences environnementales, notamment ceux qui envisagent d’utiliser les métavers à des fins de recherche et d’intervention. »

Deuxièmement, l’article note que le métavers lui-même peut être utilisé pour mettre en œuvre des interventions de santé. Par exemple, les métavers peuvent permettre aux gens d’être exposés à des environnements naturels « verts », même s’ils n’ont que peu ou pas accès à ces environnements dans le monde réel. De cette façon, les métavers peuvent réduire les effets négatifs sur la santé mentale associés aux environnements surpeuplés et générateurs de stress.

Les espaces de vie et les bureaux virtuels au sein du métavers peuvent être personnalisés à l’infini. De plus, les changements d’environnement dans le métavers peuvent être effectués en cliquant sur un bouton. Par conséquent, le métavers peut également offrir un espace virtuel pour tester en temps réel de nouveaux bureaux et environnements bâtis. Le professeur Koohsari ajoute : « Un métavers pourrait permettre aux parties prenantes d’expérimenter, de construire et de modifier en collaboration les changements proposés pour l’environnement bâti avant que ces interventions ne soient mises en œuvre dans le monde physique. »

Bien qu’il énumère plusieurs façons dont le métavers peut transformer les interventions de santé publique en modifiant les environnements bâtis, l’article note les principales limites du métavers dans la simulation du monde réel. En particulier, l’état actuel des métavers ne permet pas de tester de nombreux comportements humains ou leur interaction avec les environnements bâtis. En outre, la population du métavers n’est peut-être pas représentative, car les personnes issues des couches économiques inférieures ont un accès limité à la technologie de la réalité virtuelle.

L’article explore également les façons dont les métavers peuvent avoir un effet négatif sur la santé de la population. Par exemple, une immersion excessive dans des environnements virtuels peut entraîner un isolement social, des comportements antisociaux et des effets négatifs sur la santé associés à l’inactivité physique ou à l’augmentation du temps passé devant un écran. Enfin, l’article note que le recours excessif à l’intelligence artificielle peut conduire à la reproduction des préjugés du monde réel et des inégalités sociales dans le monde virtuel. En conclusion, le professeur Koohsari déclare : « Il vaut mieux, plus tôt que tard, faire face aux perspectives et aux défis que les métavers peuvent offrir aux différents domaines scientifiques, et dans notre cas, à la santé publique. »

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