Les technologies du métavers telles que la réalité virtuelle (VR), la réalité augmentée (AR) et la réalité étendue (XR) ont depuis longtemps révolutionné l’industrie du jeu, en comblant de manière transparente le fossé entre les réalités numériques et physiques. De l’amélioration du réalisme au renforcement de l’interactivité et des interactions sociales, ces technologies ont provoqué un changement sismique dans l’industrie du jeu au cours des dernières années.
En 2020, la taille du marché des jeux virtuels était évaluée à 14,55 milliards de dollars américains, et elle n’a fait que croître au cours des années précédentes, les prévisions de recettes pour 2027 s’élevant à 92,31 milliards de dollars américains.
Mais bien au-delà de l’industrie du jeu, ces technologies offrent en fait une vaste gamme d’applications dont vous n’avez probablement pas encore entendu parler – même la Force de défense civile de Singapour (SCDF) a utilisé la technologie pour former ses officiers. Voici quelques cas pratiques d’utilisation des technologies métaverses à Singapour :
1. Formation à l’accouchement
VRObs est un programme de formation immersive en RV conçu pour doter les étudiants en médecine et les professionnels des compétences requises pour les accouchements sans complication, y compris l’apprentissage des différentes positions du bébé, la surveillance des fréquences cardiaque et respiratoire, ainsi que la pratique des procédures critiques, telles que la réalisation d’une césarienne.
La plupart des étudiants en médecine n’ont généralement pas l’occasion de se trouver dans une salle d’accouchement pour effectuer des procédures pratiques et sont obligés de se contenter d’un mannequin pour leur formation. Ces mannequins ne sont pas à la hauteur lorsqu’il s’agit de se préparer à des complications, mais grâce à des simulations de RV comme VRObs, les étudiants en médecine peuvent accéder à une expérience de formation très réaliste qui comble efficacement cette lacune.
Grâce à cette simulation VR de pointe, les étudiants peuvent apprendre de manière autonome tout en recevant un retour d’information personnalisé et des conseils de la part d’un instructeur virtuel par le biais de signaux visuels, sonores et spatiaux.
En outre, la simulation offre un suivi des performances en temps réel, ce qui permet aux étudiants d’apporter des corrections immédiates en cours de route.
En avril 2020, 79 bébés virtuels avaient été mis au monde avec succès via la plateforme de simulation virtuelle. Fait remarquable, 83 % des étudiants ayant reçu une formation à la RV ont géré des opérations chirurgicales réelles avec un minimum de conseils externes, ce qui contraste fortement avec les méthodes de formation traditionnelles où aucun n’est en mesure de le faire.
Aujourd’hui, plus de 80 % des étudiants en médecine préfèrent les VRObs aux méthodes de formation traditionnelles, et 70 % d’entre eux ont même déclaré que les VRObs les avaient rendus plus confiants lors de l’accouchement.
2. Formation à la lutte contre l’incendie
Au début de l’année, l’Agence des sciences et technologies de l’équipe locale (HTX) et la SCDF ont dévoilé un système de réalité étendue (XR) avec des éléments immersifs et interactifs pour former les officiers de la SCDF à la gestion des accidents de la route (RTA) et des incidents liés aux matières dangereuses (HazMat).
Le système XR, qui doit être utilisé en complément de la formation théorique et pratique habituelle des agents, est actuellement à l’essai et utilisé pour des formations en petits groupes. Cependant, des efforts sont en cours pour adapter le système de formation à des groupes plus importants.
Le système VR et XR offre la flexibilité et la facilité d’effectuer différentes formations à la lutte contre les incendies avec un réalisme accru. Dans le cadre de la formation, les stagiaires du SCDF sont équipés de casques de RV qui les immergent dans des environnements virtuels qui sollicitent leurs sens de la vue et du son.
Ces environnements peuvent être facilement ajustés, ce qui permet aux stagiaires d’être exposés à diverses situations plus ou moins imprévisibles et graves. Par exemple, les instructeurs peuvent décider de « placer » des personnages civils dans un bâtiment en feu ou dans une station de métro pour les secourir, ou même de « rallumer » des incendies qui doivent être éteints de manière décisive.
En outre, les stagiaires sont également équipés d’une combinaison multisensorielle (MAV Suit) qui fournit un retour d’information haptique aux agents et émet diverses odeurs, notamment celle de la fumée, reflétant les conditions rencontrées dans les scénarios d’incendie réel. En outre, la veste de la combinaison génère de la chaleur, ce qui donne à l’agent qui la porte la sensation d’être prêt à intervenir.
3. Formation à la navigation des navires
En 2021, l’Académie maritime de Singapour, le Centre d’excellence en sécurité maritime et l’entreprise de logiciels Kongsberg Digital ont dévoilé un simulateur de navigation pour la formation des équipages de navires.
Installé à l’école polytechnique de Singapour, le simulateur – appelé Advanced Navigation Research Simulator (ANRS) – est doté d’une passerelle de navire à mission complète et d’un système de service de trafic qui reproduisent les conditions réelles, permettant aux stagiaires de s’exercer et d’être évalués sans avoir à sortir en mer.
L’ARNS va au-delà de la formation simulée traditionnelle en intégrant l’intelligence artificielle (IA), qui interprète les données complexes recueillies par divers capteurs, notamment des lunettes de suivi oculaire et des bandeaux qui surveillent l’activité cérébrale électrique.
En outre, il enregistre la qualité audio, y compris les difficultés d’élocution, et le rythme cardiaque des stagiaires lors d’une crise simulée, ce qui donnera des indications précieuses sur leur état de préparation et leurs performances.
Outre ce simulateur d’entraînement, la marine de la République de Singapour (RSN) utilise également divers simulateurs et systèmes virtuels pour faciliter l’entraînement de la marine singapourienne. En 2018, la RSN a dévoilé un simulateur de réalité virtuelle qui a permis de réduire de 60 % le temps de formation de l’équipage de son navire à mission littorale (LMV).
Le simulateur reproduit le centre de commandement intégré du LMV, avec des fenêtres sur tout le pourtour. Il est entouré d’un écran de projection continue à 360 degrés qui offre à l’équipage une vue réaliste de l’environnement du navire.
Dans cet environnement immersif, l’équipage peut affiner ses compétences en matière de navigation, de technique et de combat, soit individuellement, soit en tant qu’équipe coordonnée, ce qui permet de simuler efficacement des scénarios réels.
Par exemple, lors de la « navigation » dans le détroit de Singapour, l’équipage est confronté à des graphiques générés par ordinateur représentant des porte-conteneurs et des navires marchands, ainsi que l’horizon de la ville en arrière-plan. Il peut également ressentir les mouvements cahoteux d’une mer agitée et même entendre le grondement des orages.
4. Formation des pilotes
Pour surmonter les contraintes de formation, l’armée de l’air de la République de Singapour (RSAF) a déployé plusieurs simulations de formation avancées, dont le simulateur de contrôle du trafic aérien (ATC) pour la formation des officiers de guerre aérienne (AWO).
Le simulateur ATC comprend une tour de contrôle virtuelle avec une vue à 360 degrés qui peut projeter divers environnements, y compris des situations d’urgence. Tous les aéronefs exploités par la RSAF peuvent être simulés dans des conditions telles que le jour ou la nuit, par temps pluvieux ou nuageux, ce qui permet aux stagiaires AWO de s’exercer à l’ensemble des opérations ATC requises pour une mission.
À l’instar des systèmes d’entraînement VR utilisés par les équipages de navires, des capteurs haute fidélité, associés à des capteurs biométriques, recueillent des données telles que les mouvements oculaires, le rythme cardiaque et les expressions faciales du stagiaire lorsqu’il se trouve dans le simulateur, afin d’analyser les réactions de chaque pilote stagiaire et de l’aider à améliorer ses performances de vol.
Outre le simulateur ATC, les stagiaires du génie de l’armée de l’air peuvent utiliser l’outil VSBT (Virtual Safety Behaviour Training) pour mettre en pratique leurs habitudes de sécurité pendant les tâches de maintenance de routine.
L’outil VSBT plonge les stagiaires dans des scénarios de RV qui reproduisent des activités de maintenance réelles dans des environnements opérationnels, et dans les cas où ils ne respectent pas les protocoles de sécurité, les stagiaires subiront les répercussions de situations dangereuses dans l’environnement de RV simulé.
En 2021, pour améliorer la fourniture de contenu et l’engagement des stagiaires de l’EAF, la RSAF a dévoilé une salle d’évasion VR qui simule les tâches de maintenance des aéronefs et les considérations et problèmes de sécurité associés dans le cadre d’un jeu multijoueur. Elle permet un apprentissage collaboratif et expose les stagiaires de l’EAF à la valeur d’un travail d’équipe efficace et d’une communication claire pendant les tâches de maintenance des aéronefs.
5. Formation de l’ICA et des agents pénitentiaires
Outre la RSAF et la SCDF, l’administration pénitentiaire de Singapour (SPS) et l’autorité chargée de l’immigration et des points de contrôle (ICA) utilisent des simulations de RV basées sur des scénarios pour former leurs agents. Au cours de ces simulations, les agents doivent porter des casques de RV et des capteurs aux pieds pour interagir avec des prisonniers virtuels dans une prison virtuelle inspirée de la prison de Changi.
Le système ayant été conçu pour tester le processus de prise de décision des agents, ceux-ci sont mis à l’épreuve et doivent gérer des situations tendues telles qu’une bagarre dans la cour de la prison ou une urgence médicale. Ces simulations permettent d’intensifier ou de désamorcer le scénario en fonction des réactions de l’agent.
Pendant ce temps, les officiers chevronnés de l’ICA sont formés à l’aide du système de simulation de formation au commandement et au contrôle, qui les prépare à des scénarios d’urgence. Grâce au système de RV, ils supervisent un poste de contrôle virtuel à Woodlands et sont confrontés à divers scénarios tels qu’une attaque d’hommes armés ou des incendies. Pour gérer efficacement une situation, les agents doivent coordonner leurs réponses les uns avec les autres.
Lorsqu’un incident se produit, ces agents doivent communiquer la situation à leurs collègues, appelés agents au sol, qui se trouvent dans une pièce séparée. Ces agents au sol observent sur leurs écrans d’ordinateur une perspective simulée à la première personne de l’installation de Woodlands, qui reproduit la vue limitée qu’un agent pourrait avoir sur les lieux réels de l’incident.
Les agents au sol s’entraînent ensuite à naviguer dans le poste de contrôle virtuel à l’aide de leur souris, neutralisant ainsi efficacement les menaces virtuelles.
6. Formation à la sécurité sur le lieu de travail pour les chantiers de construction
Ces dernières années, la sécurité et la santé sur le lieu de travail sont devenues la principale préoccupation des chantiers de construction. Les accidents du travail peuvent être évités si les travailleurs sont correctement formés.
C’est pourquoi l’entreprise aérospatiale Haite Singapore a mis au point des modules de formation à la sécurité par RV spécialement destinés aux chantiers de construction, afin que les stagiaires acquièrent une expérience pratique de la gestion des situations d’urgence, des conditions dangereuses et/ou de l’utilisation d’équipements à haut risque, sans être exposés aux dangers du monde réel.
Les modules de formation en RV proposés par Haite Singapore peuvent reproduire jusqu’à 24 situations d’urgence basées sur des accidents réels, notamment des chutes d’ascenseur, des blessures causées par des scies électriques, des blessures causées par des bétonnières et même des fuites de câbles, entre autres.
Dans l’environnement simulé, les utilisateurs peuvent collaborer avec d’autres utilisateurs réels et manipuler et interagir avec d’autres objets et/ou avatars virtuels. Ils se verront également proposer une série de questions à choix multiples pour évaluer leurs progrès après avoir terminé la simulation dans le monde virtuel.
7. Traitement des problèmes de santé mentale
Étonnamment, la technologie de la RV peut même s’avérer bénéfique pour traiter les personnes souffrant de maladies mentales. En 2020, la Thrive Psychology Clinic a été la première clinique de santé mentale de Singapour à proposer la thérapie par la réalité virtuelle (VRT), qui utilise des environnements virtuels générés par ordinateur à des fins de thérapie psychologique et de réadaptation.
À l’aide d’un casque de RV, les patients peuvent naviguer dans une variété d’activités et d’environnements créés numériquement. Des stimuli effrayants ou dangereux peuvent être introduits dans ces environnements simulés afin d’aider les patients à apprendre à s’engager, à affronter et à traiter des situations difficiles, comme le fait de se retrouver devant un public pour parler en public.
En appliquant la technologie de la RV à la thérapie, les psychologues peuvent créer un environnement sûr et adaptable aux besoins spécifiques de chaque patient. Dans ce royaume virtuel, ils peuvent apporter leur soutien et aider les patients à acquérir la confiance nécessaire pour affronter leurs peurs, leurs angoisses et leurs traumatismes.
Aujourd’hui, la TRV s’est révélée extrêmement bénéfique pour le traitement de troubles tels que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), les phobies, l’anxiété, la dépression et les troubles de l’alimentation.
Par exemple, la TRV peut être utilisée pour aider les patients souffrant de troubles de l’alimentation en modifiant l’image du corps et en débarrassant progressivement l’individu du processus de pensée négatif lié à l’alimentation et au corps.