Harcèlement sexuel dans le métavers : comprendre cette nouvelle forme de cyberviolence

Le harcèlement sexuel dans le métavers est un sujet complexe et fréquemment débattu dans les magazines d’information du monde entier. Cependant, des articles parfois sceptiques ou sensationnalistes, au lieu d’expliquer ce qu’est cette nouvelle forme de cyberviolence, conduisent à la polarisation du débat public et à la banalisation d’un problème croissant. Il est essentiel de clarifier ce qu’est le harcèlement sexuel en réalité virtuelle et pourquoi c’est un problème si grave. C’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît au premier abord.

Qu’est-ce que le métavers ?

Contrairement à ce que beaucoup associent à la vision ambitieuse de Mark Zuckerberg, le métavers n’est pas un concept inventé par Meta (anciennement Facebook). Le métavers est un espace de réalité virtuelle où les gens peuvent transférer une partie de leurs activités du monde physique, comme le travail, les concerts ou les réunions sociales. En portant des lunettes de réalité virtuelle, les utilisateurs se sentent comme s’ils étaient dans un espace virtuel où ils peuvent se déplacer librement, créer et rencontrer d’autres utilisateurs (bien que le métavers soit également discuté dans le contexte d’autres technologies immersives, ce n’est pas le sujet principal ici).

Le concept et le terme « métavers » sont apparus dans le roman de science-fiction de Neal Stephenson en 1991, « Snow Crash ». Les mondes virtuels ne sont pas nécessairement une vision du futur; les métavers existent aujourd’hui et sont utilisés par des millions d’utilisateurs dans le monde entier (bien qu’ils en soient encore à leurs premiers stades de développement). Diverses applications (par exemple, VRChat, Spatial) incarnent l’idée du métavers, indépendamment de Meta et de Facebook. Les métavers ne sont pas des jeux vidéo. Bien qu’ils soient constitués de mondes virtuels, ils n’ont pas d’objectif ou de scénario fixe ; ce sont plutôt un nouvel espace de vie quotidienne où les utilisateurs décident comment ils veulent passer leur temps (bien qu’ils puissent effectivement jouer à des jeux dans le métavers).

Harcèlement sexuel dans le métavers

Dans le métavers, le harcèlement sexuel prend une nouvelle dimension en raison de la nature immersive et interactive de ces espaces virtuels. Les utilisateurs représentés par des avatars peuvent subir des avances non désirées, des commentaires inappropriés ou même des agressions physiques virtuelles. L’impact d’un tel harcèlement peut être profond, car l’expérience immersive peut rendre ces incidents très réels et perturbants. Cette forme de cyberviolence soulève des inquiétudes importantes concernant la sécurité et le bien-être des utilisateurs dans les environnements virtuels.

Le défi de la lutte contre le harcèlement sexuel dans le métavers réside dans l’intersection de la technologie, du droit et de l’éthique. Des questions se posent sur la manière de modérer efficacement le comportement dans un monde virtuel, les implications juridiques des actions virtuelles et les responsabilités éthiques des créateurs de plateformes et des utilisateurs. À mesure que le métavers continue d’évoluer, il est crucial que les discussions et les actions en cours permettent de relever ces défis afin de garantir un environnement virtuel sûr et respectueux pour tous.

Le harcèlement dans le métavers est-il réel ?

Les philosophes contemporains se demandent si les mondes virtuels sont moins réels que notre monde physique parce qu’ils sont faits de bits et non d’atomes. Cependant, une chose est sûre : nos expériences en réalité virtuelle sont réelles parce que nous sommes réels. Ma terreur en traversant une maison hantée virtuelle est aussi réelle que lorsque je traverse son équivalent physique. Mon rythme cardiaque peut augmenter de la même manière dans les deux situations ! De même, mon amitié avec quelqu’un que je rencontre dans le métavers peut être aussi authentique que celle avec des amis d’université, même si notre relation peut paraître complètement différente. Cependant, si quelqu’un s’adresse à moi dans le métavers d’une manière dégoûtante et vulgaire, c’est un véritable harcèlement qui affecte la personne réelle que je suis.

Il est important de se rappeler qu’il existe de nombreuses formes de harcèlement sexuel, qui, au-delà de l’aspect verbal, peuvent prendre d’autres formes, comme le partage de contenu sexuel (par exemple, des photos d’une personne) ou un contact physique direct non désiré (par exemple, toucher quelqu’un sans son consentement).

Comment le harcèlement physique est-il possible dans le métavers ?

Lorsque je mets des lunettes de réalité virtuelle, lance une application de métavers et baisse les yeux, je vois mon corps virtuel, situé au même endroit que mon corps physique. Dans les mondes virtuels, on appelle nos corps virtuels des avatars. Cependant, en RV (réalité virtuelle), un avatar est plus qu’un simple personnage de jeu vidéo classique (d’où la référence croissante aux « corps virtuels » dans les publications scientifiques). Dans le contexte de la RV, un avatar n’est pas un personnage que l’on observe sur un écran et que l’on contrôle avec un clavier ou une manette. C’est plutôt un personnage dont on « entre dans la peau virtuelle et on devient ». Que signifie cela exactement ?

Des systèmes montés dans les lunettes VR ou dans des dispositifs supplémentaires synchronisent les mouvements du corps virtuel avec ceux effectués par mon corps physique en temps réel. Par exemple, lorsque je bouge mon bras physique, mon bras virtuel bouge exactement de la même manière. Comme je porte des lunettes, je ne vois pas les mouvements de mon bras physique mais seulement ceux de mon bras virtuel. Cette situation peut conduire à un phénomène connu sous le nom d’incarnation virtuelle, où les utilisateurs du métavers commencent à sentir que leur corps virtuel est leur propre corps, sur lequel ils ont le contrôle.

Ce phénomène résulte de la cohérence entre la vision, le mouvement et la proprioception (lorsque je bouge mon corps, je vois mon corps virtuel bouger en conséquence, et je sens aussi où se trouve ma main virtuelle, même si je ne la regarde pas, car elle se trouve au même endroit dans l’espace que ma main physique). Le corps virtuel est alors susceptible d’être temporairement incorporé aux représentations mentales du corps de l’utilisateur, quelque chose comme des cartes de notre corps qui existent dans le cerveau.

Cependant, il est important de se rappeler que l’incarnation virtuelle est encore un phénomène mal compris, et que tout le monde ne le vit pas. Son apparition et son intensité peuvent dépendre de nombreux facteurs, tels que les dispositifs de RV utilisés, la perspective de l’utilisateur vis-à-vis de son corps virtuel, la précision et l’étendue de la synchronisation des mouvements du corps physique et virtuel, l’apparence du corps virtuel et les caractéristiques individuelles de l’utilisateur.

Toucher dans le métavers

Dans certaines situations, lorsque quelqu’un touche notre corps virtuel, nous pouvons ressentir un toucher physique. Cela peut se produire dans deux circonstances. Premièrement, lorsque nous utilisons des systèmes haptiques, qui peuvent être des gants ou même une combinaison complète. Ensuite, lorsque nous touchons quelque chose (ou que quelque chose nous touche) en réalité virtuelle, des vibrations sont activées au même endroit sur notre corps physique, simulant le toucher. Cela crée une cohérence entre ce que nous voyons (toucher quelque chose avec une main) et ce que nous ressentons (ressentir une vibration sur le corps), ce qui peut également renforcer le sentiment d’appropriation de l’incarnation virtuelle. Cela peut être exploité par un agresseur dans le métavers, qui, en touchant le corps virtuel de la victime d’une manière non désirée, peut activer des vibrations sur son corps physique, ce qui peut être une expérience traumatisante. Les systèmes haptiques sont encore une technologie de niche (à part les manettes vibrantes tenues dans les mains).

La deuxième possibilité de ressentir le toucher en réalité virtuelle est ce que l’on appelle les sensations fantômes. Ce phénomène étonnant, dont le mécanisme n’est toujours pas clairement expliqué, se produit parfois lorsque quelqu’un touche notre corps virtuel dans le métavers, et que nous pouvons ressentir un toucher (ressemblant généralement à un picotement) sur notre corps physique (malgré l’absence de stimulus physique). Ce phénomène montre que, probablement, des informations visuelles et proprioceptives cohérentes peuvent, dans certains cas, induire des sensations fantômes de toucher sur le corps de l’utilisateur (le toucher étant dans ces situations « subordonné » aux informations provenant d’autres sens). Cependant, il est important de se rappeler que ce phénomène est encore mal compris, qu’il dépend de nombreux facteurs et qu’une compréhension complète nécessite des recherches supplémentaires.

Les sensations corporelles fantômes peuvent parfois être perçues par les utilisateurs comme quelque chose de positif. Par exemple, un comportement courant parmi les utilisateurs d’un métavers (VRChat) consiste à se tapoter amicalement la tête virtuelle. Cependant, les sensations fantômes peuvent aussi être perçues négativement. Tout d’abord, ce phénomène inhabituel peut être perturbant en soi pour les utilisateurs.

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com