L’armée américaine pionnière dans le métavers

En ces temps troubles où les gouvernements les plus pacifistes augmentent le budget alloué aux armées et/ou envisagent sérieusement de réinvestir dans leur armée, le positionnement stratégique de l’US Army est observé à la loupe.

Les spécialistes ne s’en étonneront pas, l’US Army envisage d’investir dans le métavers. Lisa Costa, directrice de la technologie et de l’innovation de l’US Space Force (une nouvelle branche de l’US Army créée en décembre 2019) a déclaré lors du dernier Space Force IT Day qu’elle envisageait de développer un environnement virtuel pour le personnel de son agence : « Nous pourrions envisager de lancer notre propre version du métavers ».

L’US Space Force

L’US Space Force, malgré quelques caricatures n’est pas une agence visionnaire qui préparerait d’hypothétiques et lointaines guerres des étoiles. Ses missions sont au contraire concrètes et plus que jamais d’actualité. La première est la sécurisation du matériel militaire dans l’espace (principalement des satellites) face à des missiles chinois par exemple et la seconde est l’utilisation des données recueillies par les satellites en orbite pour appuyer les forces qui combattent au sol, sur mer ou dans les airs.

Les guerres du XXIe siècle

Les satellites dans les guerres du XXIe siècle permettent de communiquer instantanément avec les zones de combat, d’identifier les positions et les mouvements de l’ennemi, de suivre l’évolution des conditions météorologiques, de guider à distance les systèmes de navigation et d’intervenir militairement « de façon chirurgicale » dans des environnements urbains denses et complexes. La reconnaissance par satellite, la transmission du renseignement sont donc des enjeux stratégiques majeurs pour les États-Unis… et leurs alliés. Actuellement, la flotte américaine de satellites est de loin la plus importante devant celles de la Chine et de la Russie, mais elle est extrêmement vulnérable. La mise sur orbite des satellites militaires russes Kosmos 2542 et 2543 « à vocation inconnue » et le développement de missiles antisatellites par les Chinois ne sont pas faits pour rassurer le Commandement US ou celui de l’OTAN.

Du simulateur de vol immersif à la réalité mixte

L’US Army ne découvre ni la VR (réalité virtuelle), ni la RA (réalité augmentée), ni le métavers à vrai dire. Dès les années 60, Thomas Furness, le désormais grand-père de la réalité virtuelle travaillait déjà sur un simulateur de vol immersif pour l’US Army. Plus récemment, l’armée américaine a lancé avec Microsoft le programme IVAS « Integrated Visual Augmented System ». Dans le cadre d’un contrat de plus de 21 milliards de dollars, l’entreprise de Satya Nadella s’est engagée à fournir à l’US Army 120.000 casques de réalité mixte (images virtuelles superposées au monde réel). Ces casques équipés d’options de vision nocturne et thermique peuvent afficher une cartographie en 3D et permettent le partage d’informations. Ils sont dotés de technologies permettant la reconnaissance faciale et sont développés pour l’entraînement des forces armées et l’assistance au combat. Ils devraient être testés en mai 2022 et déployés à l’automne 2022 selon le dernier communiqué du bureau exécutif du programme. Une première unité de système intégré d’augmentation visuelle devrait voir le jour.

La révolution du métavers

L’US Army a été historiquement un acteur majeur dans l’innovation et le développement de l’AR, du VR ou du XR, son intérêt pour le métavers aujourd’hui est tactique (avantage asymétrique) sans doute, mais également économique et financier. De l’aveu même de Lisa Costa, directrice de la technologie et de l’innovation de la nouvelle entité de l’US Army : « [L’US Space Force pourrait] profiter des investissements que l’industrie va faire dans le métavers. » Elle a rajouté : « Il y a vraiment beaucoup de battage à propos du métavers. Mais d’un autre côté, il y a beaucoup d’argent qui y est investi. »

Les responsables de l’US Army semblent également décidés à intégrer une réalité culturelle devenue incontournable. En 2022, dans l’US Air Force, 86 % des jeunes pilotes et formateurs se disent « gamers ».

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