Le métavers de Mark Zuckerberg à court de souffle ?

Le projet de métavers de Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, qui visait à atteindre un milliard d’utilisateurs, semble rencontrer des difficultés financières. Meta, la maison mère de Facebook, demanderait à sa division Réalité Labs de réduire ses dépenses.

Réalité Labs, la division du géant technologique chargée de la recherche et du développement des produits et services de réalité augmentée et virtuelle (AR et VR), aurait reçu l’ordre de limiter ses dépenses au cours des deux prochaines années.

Selon The Information, les équipes hardware, responsables des casques et lunettes connectées, devront réduire leurs dépenses de 20 % d’ici 2026. Un ancien responsable de Reality Labs, cité anonymement, prévoit que la majeure partie des coupes budgétaires se produira cette année.

Cette décision intervient après des licenciements signalés au sein de l’équipe travaillant sur les puces électroniques destinées au métavers. En octobre, Reuters a rapporté des suppressions de postes chez Reality Labs, qui concernaient des employés chargés de créer une puce personnalisée utilisée pour rendre les appareils Meta plus performants que les autres produits du marché de la réalité augmentée et virtuelle.

Meta n’a pas répondu immédiatement à la demande de commentaires de Fortune.

Zuckerberg change de cap

Cette réduction des dépenses prévue fait suite à un changement de cap apparent de Mark Zuckerberg lui-même.

En 2021, l’entrepreneur, alors à la tête d’une fortune de 170 milliards de dollars selon l’indice des milliardaires de Bloomberg, souhaitait que toute l’entreprise se concentre sur le métavers. Il avait écrit : « Avec le temps, j’espère que nous serons considérés comme une entreprise du métavers, et je veux ancrer notre travail et notre identité sur ce que nous construisons. »

« À partir de maintenant, nous serons ‘metaverse-first’, et non plus ‘Facebook-first' », avait-il ajouté.

Depuis lors, l’entreprise a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour ce projet, alors que Reality Labs a accumulé des pertes d’au moins 46,5 milliards de dollars depuis 2019.

Les critiques se sont également multipliées, tant en interne qu’auprès des actionnaires.

Des documents internes qualifiaient le métavers de « monde vide et triste », tandis que Brad Gerstner, président et directeur général d’Altimeter Capital, écrivait dans une lettre ouverte à Zuckerberg que « les gens ne comprennent même pas ce que signifie le métavers ».

Ce soutien de longue date de Meta a exhorté à réduire les dépenses consacrées au métavers et à Reality Labs à un maximum de 5 milliards de dollars par an, ajoutant : « Nous ne doutons pas que les investisseurs et autres soutiendraient volontiers l’augmentation de ces investissements à mesure que le retour sur investissement deviendra plus tangible, même s’il reste à long terme. »

Plus de temps sur l’IA

Depuis le lancement d’un certain chatbot, le monde de la Big Tech a brusquement changé ses priorités.

De Google à Tesla en passant par Amazon, tous les acteurs se tournent vers l’intelligence artificielle (IA) pour tenter de suivre le rythme de la technologie lancée par OpenAI. Zuckerberg ne semble pas être différent.

En avril de l’année dernière, Andrew Bosworth, directeur technique de Meta, a déclaré à Nikkei Asia que lui-même, le président Zuckerberg et le directeur des produits Chris Cox consacraient « la plupart » de leur temps à la nouvelle équipe d’IA.

« Nous sommes convaincus d’être à la pointe du progrès », a ajouté le responsable de Reality Labs.

Alors que Meta contraint Reality Labs à la diète budgétaire, l’avenir du métavers de Zuckerberg s’assombrit. Plusieurs facteurs contribuent à ce changement de cap :

  • Retour sur investissement incertain : Malgré des investissements massifs, Reality Labs peine à démontrer la viabilité commerciale du métavers. Les pertes s’accumulent et les analystes financiers remettent en question la rentabilité du projet à long terme.

  • Engouement mitigé du public : L’idée d’un univers virtuel immersif ne suscite pas l’enthousiasme escompté. Le concept reste flou et peine à convaincre les utilisateurs potentiels de son utilité. Les critiques internes évoquent un « monde vide » qui ne parvient pas à captiver les foules.

  • Concurrence féroce dans l’IA : L’arrivée d’un chatbot performant d’OpenAI a bousculé les priorités de la Big Tech. Google, Amazon et Tesla, entre autres, redirigent leurs ressources vers l’intelligence artificielle, perçue comme un domaine plus prometteur à court terme.

  • Pression des actionnaires : Les actionnaires de Meta ne sont pas aveugles aux difficultés financières de Reality Labs. Ils réclament une réduction des dépenses et une meilleure allocation des ressources, remettant en cause la stratégie « metaverse-first » de Zuckerberg.

Face à ces pressions multiples, Meta semble opérer un virage à 180 degrés. En limitant les dépenses de Reality Labs et en focalisant ses efforts sur l’intelligence artificielle, Meta choisit la sécurité à court terme au détriment du pari audacieux du métavers.

L’avenir de ce projet ambitieux reste incertain. La question qui se pose est de savoir si le métavers de Zuckerberg survivra à cette période de vaches maigres, ou s’il tombera définitivement aux oubliettes aux côtés de nombreux autres projets technologiques ambitieux mais finalement voués à l’échec. Seul le temps nous dira si le métavers parviendra à surmonter les obstacles actuels et à s’imposer comme la prochaine révolution technologique.

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