Une nouvelle étude montre que les travailleurs de bas niveau craignent de plus en plus que leurs patrons utilisent les métaverses du bureau pour les espionner, allant jusqu’à suivre les mouvements du corps.
Au-delà de la bataille entre les employés et leurs patrons sur le travail hybride ou à distance, un nouvel axe pourrait bientôt s’ajouter à cet étrange paradigme : les travailleurs contraints de se serrer un casque de RV sur le crâne pour faire semblant d’être proches de leurs collègues dans un bureau virtuel. Même si le métavers n’existe pas encore vraiment, les employeurs semblent déjà beaucoup plus séduits par les bureaux virtuels que ne le sont leurs employés.
Une nouvelle enquête publiée jeudi par ExpressVPN a recueilli l’avis de 1 500 employés et 1 500 patrons aux États-Unis sur le travail dans le concept encore nébuleux du « métavers ». Les résultats ne sont pas très surprenants pour quiconque a déjà passé un certain temps à travailler dans un bureau, mais ils révèlent un décalage croissant entre les travailleurs et leurs employeurs en ce qui concerne la surveillance numérique, la connectivité et la productivité.
Bien que les données proviennent d’un échantillon relativement petit, elles montrent déjà clairement que les employés se sentent beaucoup plus concernés que leurs employeurs par le fait d’être obligés d’utiliser la RV pour accéder au lieu de travail. Dans l’ensemble, les employeurs sont beaucoup plus enthousiastes et optimistes que les travailleurs à propos du métavers sur le lieu de travail. Dans l’ensemble, les travailleurs étaient plus susceptibles d’être anxieux et méfiants à l’égard du concept de « métavers » que leurs patrons. Les grandes entreprises, celles qui emploient plus de 500 personnes, sont également plus susceptibles de penser que le métavers a un impact plus positif sur le stress ou l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Et bien sûr, cette technologie permettra aux employeurs de mieux suivre leurs employés. L’enquête d’ExpressVPN mentionne que si 55 % des personnes interrogées savent que leur patron les espionne ou espionne leur travail, 73 % des employeurs admettent qu’ils surveillent leurs employés. En outre, 63 % des travailleurs ont déclaré qu’ils craignaient que leur patron ne collecte leurs données dans un environnement de métavers de bureau, en particulier leur localisation en temps réel et l’activité de leur écran. Dans l’enquête, les employeurs ont admis qu’ils allaient très probablement surveiller les visites de sites Web et l’activité à l’écran, mais certains ont dit qu’ils suivraient également les mouvements du corps et des yeux ainsi que les interactions sociales.
Parmi les personnes interrogées, près de la moitié des travailleurs craignent que leurs employeurs n’empiètent sur leur vie privée et leur sécurité numériques. Curieusement, 36 % seulement des travailleurs ont déclaré faire confiance à Meta pour ouvrir la voie au lieu de travail virtuel, contre des entreprises comme Microsoft (61 %) et Google (58 %).
Ces patrons semblent déjà très convaincus d’une idée pour laquelle nous n’avons toujours pas d’exemple tangible. Certains dirigeants d’entreprises technologiques, comme David Limp, responsable des appareils d’Amazon, et Evan Spiegel, PDG de Snap, ont largement critiqué le métavers pour son caractère trop « ambigu et hypothétique ». La seule entreprise qui continue à défendre cette idée est, bien sûr, Meta. Bien que tout ce que nous ayons pour l’instant, ce sont des bêtas d’avatars effrayants et sans fond qui agissent comme des idiots dans un environnement virtuel semblable à VRChat. Meta et Microsoft ont essayé de vendre l’idée d’un environnement persistant pour le travail de bureau. Les premières promotions ont tenté de le dépeindre comme une sorte de technologie d’hologramme de science-fiction, mais il est plus probable que les premières itérations de cette technologie seront des environnements 3D élaborés.
Si cette histoire de métavers de bureau a un air de déjà-vu, c’est qu’il existe depuis longtemps un décalage entre le ressenti des employés de bas niveau et celui de leurs employeurs. L’étude mentionne également que, dans l’ensemble, les travailleurs sont plus susceptibles de se sentir plus proches de leurs collègues par le biais de réunions en personne, d’e-mails ou de messageries instantanées, alors que les patrons préfèrent les vidéoconférences et, potentiellement, « le métavers ».
Une étude récente réalisée en juin par une équipe de chercheurs en Allemagne a demandé à 16 personnes d’essayer de passer une semaine à travailler à temps plein dans la RV. Comme on peut s’y attendre, les résultats n’ont pas été exactement stupéfiants. Plusieurs participants ont abandonné après une courte période d’utilisation des appareils pour le travail. Ceux qui ont tenu bon ont régulièrement déclaré qu’ils avaient l’impression d’avoir plus de travail que dans un bureau normal et que leur productivité globale en souffrait. Ils ont également dû faire face à une fatigue oculaire accrue, à une fatigue visuelle, à des maux de tête et à tout ce que toute personne ayant utilisé la RV pendant plus de quelques heures à la fois peut vous dire. Ce sont ces inconvénients du travail en RV qui n’ont actuellement rien qui ressemble à un remède.
Sans compter que l’idée d’être forcé à entrer dans le métavers pour simuler un environnement de bureau semble être une idée défunte avant même d’être sortie de la grille de départ. De plus en plus de travailleurs demandent activement de meilleures politiques de travail à domicile. Des études récentes ont montré que ceux qui ont la possibilité de travailler à domicile sont en fait plus productifs.