À la Dallas Hybrid Preparatory School, les élèves ne suivent des cours en présentiel que deux jours par semaine. Le reste de la semaine, ils vont à l’école dans les métavers.
Les experts prédisent qu’avec la popularité croissante des métavers, de plus en plus d’écoles pourraient commencer à enseigner dans le monde numérique. Mais un professeur de droit affirme dans un article récent que, tout comme les salles de classe du monde réel, les salles de classe du métavers doivent se conformer aux réglementations fédérales.
Le métavers est un monde numérique immersif en 3D auquel on accède à l’aide d’appareils tels que des ordinateurs ou des casques de réalité virtuelle. Dans le métavers, les gens peuvent naviguer dans l’environnement numérique en utilisant des avatars en ligne pour interagir avec d’autres personnes et expérimenter virtuellement des activités du monde réel.
Dans son article, le professeur de droit Jon M. Garon propose différentes façons d’utiliser les métavers pour compléter ou remplacer la salle de classe traditionnelle. Il suggère, par exemple, que les éducateurs donnent des cours en personne, mais assignent ensuite aux étudiants des tâches spécifiques à réaliser dans le métavers.
D’autre part, les éducateurs peuvent enseigner dans le métavers par l’intermédiaire de leurs avatars et fournir à leurs élèves une technologie leur permettant d’accéder au métavers depuis leur domicile, ce qui pourrait éliminer la nécessité d’un enseignement en personne.
Selon M. Garon, l’une ou l’autre de ces options peut mettre en cause la loi sur les droits et la vie privée dans le domaine de l’éducation familiale (FERPA) et la loi sur la protection de la vie privée des enfants en ligne (COPPA).
La FERPA protège les « informations personnelles identifiables contenues dans les dossiers éducatifs » d’un élève. Lorsque l’élève est mineur, la FERPA exige le consentement des parents de l’élève avant que l’école ne puisse divulguer ces informations.
La COPPA offre des protections supplémentaires de la vie privée en exigeant des opérateurs de sites web commerciaux qu’ils obtiennent le consentement des parents avant de collecter des informations personnelles auprès d’enfants de moins de 13 ans.
La COPPA peut s’appliquer aux écoles si les élèves doivent utiliser des programmes en ligne. La Commission fédérale du commerce (FTC) a fourni des conseils aux écoles qui utilisent des ressources en ligne afin de garantir le respect de la COPPA. Si une école passe un contrat avec des opérateurs de sites web, la FTC a indiqué que l’école peut fournir le consentement requis par la COPPA au nom des parents de ses élèves.
M. Garon avertit les enseignants qu’ils doivent être particulièrement attentifs à la protection de la vie privée avant de confier à leurs élèves des tâches à accomplir dans les métavers, surtout s’ils sont âgés de moins de 13 ans.
Pour garantir la conformité avec la FERPA et la COPPA, M. Garon recommande aux écoles d’exiger des fournisseurs de services en ligne qu’ils limitent les communications comprenant des publicités et des options d’achat à une « base d’acceptation » afin que les élèves ne reçoivent pas de telles fenêtres contextuelles lorsqu’ils se trouvent dans le métavers. En outre, M. Garon estime que les fournisseurs de services en ligne devraient être tenus de supprimer les données des élèves à l’issue de leurs contrats avec les écoles.
Par ailleurs, les enseignants peuvent ne pas être au courant des exigences spécifiques de la FERPA et de la COPPA, c’est pourquoi M. Garon suggère que les administrateurs de l’école, plutôt que les enseignants, choisissent les fournisseurs de métavers avec lesquels ils souhaitent passer un contrat. M. Garon explique que cette pratique serait conforme à la recommandation de la FTC concernant le consentement.
M. Garon estime que l’éducation basée sur les métavers doit également être conforme à la loi sur l’éducation des personnes handicapées (Individuals with Disabilities Education Act, IDEA). L’utilisation par les métavers de dispositifs de réalité virtuelle – qui dépend souvent du mouvement physique – pourrait créer des problèmes d’accessibilité pour les étudiants souffrant de handicaps physiques, explique M. Garon.
En vertu de l’IDEA, les écoles doivent proposer aux élèves handicapés un programme d’enseignement individualisé qui leur offre des aménagements appropriés. Selon M. Garon, les métavers pourraient être un outil pédagogique permettant à certains élèves de bénéficier des adaptations dont ils ont besoin. Toutefois, si l’enseignement se fait uniquement dans les métavers, M. Garon met en garde contre le fait que les élèves souffrant de déficiences visuelles, auditives ou motrices risquent d’être désavantagés. Il recommande que, dans ces cas-là, les enseignants soient obligés de proposer d’autres aménagements.
En outre, M. Garon indique que le recours aux avatars dans les métavers pourrait créer des problèmes d’inclusion si les avatars ne sont pas personnalisés pour correspondre à une gamme variée de teintes de peau.
La promotion de l’inclusion dans la conception technologique, cependant, « est plus efficace lorsque l’équipe de conception est elle-même inclusive », affirme Garon. En plus d’avoir une équipe de conception représentative, Garon soutient que l’équipe doit tester la technologie contre les préjugés implicites. Il souligne que les principes d’équité et d’inclusion devraient être au premier plan du processus de conception technologique.
M. Garon recommande à la FTC et au ministère américain de l’éducation de collaborer pour établir des normes permettant aux développeurs de métavers de s’assurer que leurs plates-formes sont conformes aux réglementations en matière d’éducation. Il conclut en soulignant que l’environnement numérique de l’éducation doit respecter ses obligations réglementaires et se concentrer sur la promotion de la diversité et de l’inclusion.