Le métavers chinois commence à prendre forme, mais, comme pour toute autre partie de l’Internet, il sera très différent du métavers qui existe partout ailleurs. Les investissements ne manquent pas, même s’ils n’atteignent pas l’ampleur des 75 milliards de dollars investis par Microsoft dans Activision. Selon la société de recherche sur les jeux Gamma Data, l’année dernière, les investissements dans le métavers chinois ont atteint 25,9 milliards de yuans (4,1 milliards de dollars) pour 209 projets. La plus grosse transaction potentielle est l’offre de 2,7 milliards de yuans de Tencent pour Black Shark, le fabricant d’appareils de jeu soutenu par Xiaomi, une tentative du géant du jeu de s’approprier une part du marché du matériel XR.
Surveillance du gouvernement ?
Mais pour l’instant, il n’est pas évident de savoir dans quelle mesure les poids lourds de la technologie seront libres de conclure des accords à l’avenir. Il y a quelques jours, le gouvernement a défini des règles plus strictes pour les grandes fusions et acquisitions technologiques, limitant ainsi leur capacité à réaliser les acquisitions qui ont alimenté leur croissance dans le passé. Il s’agit de la dernière d’une série de règles visant à contrôler les grandes entreprises technologiques et, bien que les experts ne soient pas d’accord sur la portée de cette répression, ce coup de pouce est considéré comme une ouverture pour les opérateurs de télécommunications.
Les trois opérateurs ont commencé par former un « comité industriel du métavers », unique en son genre. Ce comité semble avoir des rôles multiples, allant de la R&D à l’élaboration de règles, en passant par la création éventuelle de son propre écosystème centré sur les télécoms. Le comité a approuvé un premier lot de 65 membres, principalement des sociétés de jeux et de XR, dont huit sociétés cotées en bourse.
Un autre facteur est l’énorme base d’infrastructure sur laquelle les opérateurs peuvent s’appuyer. Outre leurs réseaux 5G profonds, ils disposent de certains des réseaux de centres de données les plus étendus du pays, essentiels pour pouvoir répondre aux besoins de ressources exigeants du metaverse. Ils sont également en train de mettre à niveau leurs actifs informatiques, une autre ressource critique (voir Les telcos chinois rejoignent la course à la suprématie informatique). En revanche, en ce qui concerne les initiatives spécifiques de chaque opérateur, il n’y a pas grand-chose à signaler.
Migu, la filiale de China Mobile spécialisée dans le contenu numérique, a défini la feuille de route métavers de l’entreprise lors de la conférence mondiale annuelle des partenaires en décembre, et China Telecom a confié à sa filiale cotée en bourse Best Tone le soin de diriger son activité métavers. C’est à peu près tout. ZTE est l’un des acteurs du secteur des télécommunications qui a commencé à s’intéresser aux futures possibilités offertes par les métavers. Il a pour objectif de transformer son téléphone de jeu Red Magic en une série de terminaux VR et AR. ZTE a mis en place une équipe de produits dédiée à la planification des produits et à l’investissement dans la technologie des métavers.
Adaptée de Lightreading