Les « biens immobiliers du futur » sont marqués par des logiciels bogués, des serveurs vides et d’énormes possibilités d’abus.
Depuis que Facebook a changé de nom, de multiples articles ont été publiée sur la ruée vers les terrains dans le métavers. Des investisseurs achetent des parcelles de terrain dans le métavers, parfois pour des millions de dollars, apparemment convaincus qu’il devait y avoir de l’or dans ces collines du métavers. Et si tant de gens avec tant d’argent se précipitent, c’est qu’il y a du profit à faire. Pas vrai ? Cependant, le langage utilisé pour parler du métavers dissimule une réalité qui ressemble davantage à un jeux vidéo pas encore fini. Pour commencer, presque tout le monde décrit le métavers, alors qu’en réalité, il n’existe pas de métavers unique au sens où nous parlons d’internet. Des services comme Horizon Worlds de Meta et Mesh de Microsoft n’interagissent pas les uns avec les autres, ce ne sont que des applications de réalité virtuelle distinctes. Le problème de cette bizarrerie est qu’elle peut donner l’impression que, si une entreprise dit que son application de réalité virtuelle, son jeu vidéo ou sa plate-forme sociale fait partie du métavers, alors cette application spécifique doit être l’endroit où ce futur nébuleux va se produire. Ce qui revient un peu à dire que la réalité augmentée est l’avenir, et que les Google Glass sont un produit de réalité augmentée, donc que les Google Glass sont l’avenir.
Dans ce cadre implicite, des articles publiés un peu partout font état d’un « boom des terrains virtuels », soulignant la vente pour 2,4 millions de dollars d’un domaine de 116 parcelles à Decentraland, alors que les investisseurs versent des millions de dollars dans des lieux virtuels. Dans ces articles, les dirigeants de Metaverse Group, une société qui se décrit elle-même comme une entreprise d’immobilier virtuel, décrivent l’achat de parcelles de terrain dans le métavers comme étant comparable à l’achat d’une propriété à Manhattan bien avant que la ville ne se développe.
Plus précisément, des plates-formes comme Decentraland ou Sandbox vendent des jetons basés sur des NFT qui indiquent des sections d’une carte dans leurs mondes virtuels spécifiques, mais ces espaces ne se croisent pas. Ils vendent leurs jetons qui vous donnent la permission de construire dans leur espace. Vous achetez donc effectivement leur service. En d’autres termes, acheter un « bien immobilier » sur ces plateformes revient à acheter une propriété à Manhattan, mais dans un monde où n’importe qui pourrait très bien créer une quantité infinie de Manhattans alternatifs tout aussi faciles à atteindre. Ce qui signifie que la seule raison pour les utilisateurs d’acheter dans ce Manhattan est qu’il offre un meilleur service que les autres.
À bien des égards, ces plateformes ressemblent à un jeu vidéo ordinaire. Vous contrôlez un avatar 3D personnalisable à l’aide de votre souris et de votre clavier (pas de RV ou de RA) et vous naviguez dans un environnement virtuel. Le débat sur la question de savoir si un monde social virtuel compte comme un jeu vidéo est aussi vieux que Second Life, mais quel que soit le nom qu’on leur donne, la principale innovation de ces plateformes est l’utilisation de NFT et de crypto-monnaies. L’argument de Decentraland est que l’utilisation des NFT rend les terres de son univers de jeu rares et, par conséquent, précieuses. Vous pouvez posséder une partie du terrain, dont la valeur augmentera au fur et à mesure que la demande d’espace augmentera, et que vous pourrez alors vendre. Vous pouvez également louer de l’espace sur votre propriété à des marques qui souhaitent faire de la publicité, organiser des événements et obtenir une part des ventes, ou ouvrir une boutique et vendre des articles numériques aux utilisateurs.
Le langage que les investisseurs utilisent pour décrire ce type de développement fait écho à la terminologie immobilière de la vie réelle. Un communiqué de presse de Tokens.com indique que l’entreprise a posé le sol numérique d’une tour à Decentraland et que la tour est en construction. Il s’agit toutefois d’une façon inhabituelle de décrire le processus de conception de modèles 3D ou d’environnements virtuels. Ce genre de langage peut servir à construire une histoire plutôt qu’à décrire un projet de construction.
Adapté de Wired