Thierry Breton, commissaire en charge du marché intérieur, a été suffisamment convaincu de la crédibilité autoproclamée de ce monde virtuel pour vouloir concevoir et mettre en œuvre un cadre réglementaire qui freinera les ambitions monopolistiques inhérentes de big tech à son égard. Même s’il n’existe pas et que personne ne l’utilisera.
« Les métavers – une nouvelle forme d’espace virtuel – surgissent de partout », a-t-il écrit dans un billet de blog mercredi.
« En fait, ce n’est pas un mais plusieurs métavers qui sont en train de se développer, car une nouvelle génération de plateformes numériques offre des possibilités aux gens d’interagir de manière totalement innovante », a-t-il poursuivi. « Non seulement à des fins de divertissement, mais aussi pour travailler ensemble, développer la créativité artistique, faire des simulations en situation réelle visant des interventions médicales, la préservation culturelle, la protection de l’environnement ou la prévention des catastrophes, et bien d’autres choses encore. »
Fort de son postulat central hautement contestable, Breton a poursuivi en soulignant la nécessité de plateformes de métavers concurrentes mais interopérables, qui incarnent les valeurs européennes et garantissent la sécurité de tous ceux qui les utilisent.
« Les métavers privés devraient se développer sur la base de normes interopérables et aucun acteur privé ne devrait détenir la clé de la place publique ou en fixer les conditions. Les innovateurs et les technologies devraient être autorisés à se développer sans entrave », a-t-il déclaré.
« Nous n’assisterons pas à un nouveau Far West ou à de nouveaux monopoles privés », a-t-il ajouté.
M. Breton souhaite également que les politiques européennes encouragent la santé et le développement continus de l’écosystème qui sous-tendra les métavers. Cet écosystème comprend des éléments tels que la photonique et les semi-conducteurs, mais aussi les logiciels, les intergiciels et les contenus, en particulier la réalité mixte (XR).
Et puis, bien sûr, il y a les réseaux qui transporteront tout ce contenu métavers. M. Breton a réitéré les commentaires qu’il a faits plus tôt cette semaine, selon lesquels les géants de la technologie pourraient un jour devoir contribuer au coût des réseaux dont dépendent leurs activités.
« La situation actuelle, exacerbée pendant la pandémie de Covid, montre un paradoxe : des volumes de données croissants sont transportés sur les infrastructures, mais les revenus et l’appétit d’investir pour les renforcer et les rendre résilientes diminuent », a-t-il déclaré mercredi. « En Europe, tous les acteurs du marché qui bénéficient de la transformation numérique devraient apporter une contribution juste et proportionnée aux biens, services et infrastructures publics, au bénéfice de tous les Européens. »
Breton a déclaré que la Commission lancera « une réflexion et une consultation approfondies sur la vision et le modèle économique de l’infrastructure dont nous avons besoin » pour permettre les métavers.
M. Breton n’a pas à s’inquiéter de la réglementation des métavers, car les métavers sont une absurdité totale qui ne durera pas. Et tous ceux qui disent le contraire ont déjà trop d’intérêts dans le jeu pour faire marche arrière. Au-delà du « gadget marketing », il n’y a aucun argument logique pour remplacer les outils et les interfaces que nous utilisons aujourd’hui pour faire l’expérience de l’internet par des outils et des interfaces plus difficiles à manipuler, plus exigeants en termes de matériel et donc de coût, et nécessitant un espace physique plus grand pour être utilisés.
Cette expérience a également été tentée une fois auparavant. Il s’agissait de Second Life, et pendant quelques années, c’était l’avenir de l’Internet. Jusqu’à ce que la nouveauté s’estompe et que les gens reviennent à l’utilisation normale de l’Internet. Soit dit en passant, Second Life existe toujours, mais son degré de pertinence par rapport à la façon dont les gens interagissent en ligne aujourd’hui se mesure en Plancks. En attendant, les interactions en ligne riches en fonctionnalités existent déjà. On les appelle des jeux vidéo, et elles sont bien plus amusantes que de discuter avec un avatar au regard mort qui veut vous vendre un compte courant ou un contrat de téléphonie mobile.
Si une seule entité se retrouve en position de monopole dans le métavers, ce sera parce que toutes les autres l’auront abandonné depuis longtemps.