Depuis quelques mois, tous les « experts » prédisent un avenir luminescent au métavers. Chacun y va de son évaluation. Marchés adressables, valorisation espérée dans les 5 ans, dans les 10 ans ou calcul du taux de croissance annuel composé.
Tout le monde, au final, embraye le pas à Marck Zuckerberg, s’emparant de la thématique et adoptant son tempo.
Le grand public un temps (octobre-novembre 2021) s’est lui aussi jeté sur les moteurs de recherche pour comprendre de quoi il était question. Mais le soufflé est vite retombé. À quoi bon investir autant d’argent dans un monde qui n’existe pas ? Les débats ont fait rage au café du commerce. Mais le bon sens a finalement tranché, semble-t-il : aucun intérêt.
Pourtant, les banques d’affaires, les investisseurs semblent tenir, avec les métavers, un nouvel Eldorado. Ce pays imaginaire issu des légendes incas, connu pour recéler des réserves d’or inépuisables. Pourquoi ?
De l’usage
Ils partent d’un constat que l’on peut partager. Il y a eu, dans un contexte mondial particulier, la pandémie de COVID19 et les mesures de confinement mondiales corollaires, une accélération de la diffusion et de l’adoption d’outils de communication virtuels. Dans la sphère personnelle, la sphère professionnelle et même la sphère économique et financière. Nous l’avons tous vécu. D’abord, les réseaux sociaux, les applications de messagerie ont permis de relier les membres d’une même famille lorsqu’ils étaient astreints au confinement. Toujours dans la sphère privée, le temps libre généré a favorisé l’expérimentation de loisirs en ligne : jeux, films, vidéos, concerts. Le choc passé, la question de l’éducation s’est posée, puis celle de la santé, et enfin celle de la vie des entreprises. De nouveaux marchés se sont ouverts : la formation à distance, la télémédecine, toutes deux avaient jusque du mal à s’imposer. Puis les applis de visioconférence ont connu un boum. Pendant toute cette période dans la sphère marchande, l’outil numérique a permis aux fournisseurs de biens et services de rester en lien avec leur clientèle.
De la financiarisation de l’économie
Effectivement, l’usage de l’outil numérique s’est incontestablement répandu, la digitalisation de l’économie s’est accélérée, mais pour autant, les acteurs économiques sont déjà nombreux dans le secteur, les investissements aussi, pourquoi le métavers attirerait-il soudainement autant de capitaux ? Est-ce la perspective de vendre des milliards de casques VR et de gants haptiques ? L’opportunité de monétiser des terrains et des chaussures virtuels ? Ou bien l’espoir de multiplier les espaces publicitaires et les gains ?
De la croyance
Ni perspective ni espoir, la réponse est plutôt dans la croyance ! L’investisseur lambda recherche évidemment le profit. Mais l’investisseur lambda n’a pas a priori de pouvoir de prescience, il recherche des profits, porté par des croyances (voir les apports de la finance comportementale sur l’ancrage mental notamment). Ici, la croyance qui le porte concerne les NFT et les cryptomonnaies. Via la blockchain, il est aujourd’hui possible de produire des jetons non fongibles (NFT). Pour faire simple, dans un univers duplicable à l’infini par tout le monde, sans droit de propriété réel, il est désormais possible de produire de « l’unique », du « rare » et de la « propriété ». Cet unique est échangeable via des plateformes spécialisées. Il est valorisable via d’autres jetons sur des marchés cryptos, encore aujourd’hui, non régulés. L’Eldorado ! L’investisseur libéré de toute régulation (pour combien de temps ?) pourrait accéder ainsi à des rendements financiers dans le monde réel qu’il n’aurait jamais pu générer dans l’économie réelle (atone) ou sur les places boursières (plan-plan) de papa.