Pourquoi les marques s’immiscent dans les métavers de l’alimentation ?

D’ici la fin de la décennie, la technologie métavers dans le marché de l’alimentation et des boissons devrait dépasser les 499,9 milliards de dollars, à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 7,8 % de 2023 à 2030, selon les conclusions de SkyQuest Technology Consulting. La recherche a découvert que 70 % des consommateurs seraient prêts à utiliser la réalité augmentée ou la réalité virtuelle pour élever leur expérience gastronomique, ce qui suggère une demande potentielle pour des expériences métaverses dans l’industrie de l’alimentation et des boissons.

Cette opportunité de marché considérable n’est pas passée inaperçue. OneRare, le premier métavers alimentaire au monde – ou « foodverse » – a annoncé son expansion aux Émirats arabes unis en février. Pour les non-initiés, un métavers est une plateforme numérique permettant d’interagir avec des personnes, des lieux et des produits pour s’engager au-delà de la réalité.

Monétiser la réalité virtuelle
Les cofondateurs, le duo mari-femme Gaurav Gupta, ingénieur, et Supreet Raju, designer, ont lancé OneRare en novembre 2021, marquant le tout premier monde virtuel pour l’industrie mondiale de l’alimentation et des boissons célébrant l’alimentation dans le Web 3.0. Depuis sa création, OneRare a levé 2 millions de dollars de fonds d’amorçage auprès d’investisseurs providentiels tels que WazirX, The Sandbox, Polygon, Formation Fi et LEGO Games. La plateforme est conçue pour offrir une expérience de jeu immersive, des restaurants virtuels et des expériences de chef pour commencer.

OneRare permettra aux utilisateurs de réclamer des jetons non fongibles Dish (NFT) dans le monde entier en collectant des ingrédients et en suivant des recettes pour créer des œuvres d’art NFT exclusives. « Au fur et à mesure de notre croissance, les utilisateurs pourront également échanger ces NFT contre des repas et des offres réels, fusionnant ainsi nos vies réelles et virtuelles », révèle Raju. Pour les entreprises du secteur alimentaire, le fait de s’inscrire et de s’engager dans un foodverse peut ouvrir un tout nouveau public à explorer en termes d’engagement et de revenus. « La pandémie a appris à l’industrie alimentaire à regarder au-delà de la monétisation locale et à explorer les possibilités de marketing mondial pour développer son activité », explique-t-elle. « La Foodverse permet à une entreprise de toute taille de découvrir de nouveaux publics, de consolider les clubs de fidélité et d’offrir une expérience numérique améliorée qui se traduit par une augmentation des ventes et de l’engagement des clients.

L’entreprise a établi des partenariats avec des marques de produits alimentaires, notamment Foodlink UAE, Cali Poke, Farzi Café et Papa John’s. « Nous nous engageons à rester à l’avant-garde et à explorer des technologies innovantes telles que les NFT et le web 3.0 », a déclaré Tapan Vaidya, PDG de Papa John’s en Jordanie, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, dans un communiqué. « Cela permet non seulement de positionner notre marque à l’avant-garde du secteur, mais aussi de capter l’attention et la fidélité de la prochaine génération de consommateurs, avides d’expériences avant-gardistes. »

En amenant l’industrie alimentaire sur Web3, les utilisateurs peuvent collaborer avec des chefs célèbres, des restaurants emblématiques et des marques alimentaires pour leurs premiers NFT dans le jeu blockchain. Les chefs répertoriés sur la plateforme comprennent Arnold Poernomo, Saransh Goila, Reynold Poernomo, candidat de MasterChef Australia, Jaimie Van Heije, le chef étoilé Anthony Sarpong, Depinder Chhibber, Nehal Karkera, Vicky Ratnani.

En tête de peloton
Pourtant, cette année n’est pas la première fois que quelqu’un explore le phénomène des métavers alimentaires. En 2022, une pléthore d’acteurs mondiaux se sont aventurés dans ce domaine. McDonald’s, par exemple, a déposé 10 demandes d’enregistrement de marque indiquant son intention de proposer un restaurant virtuel. De même, Coca-Cola a lancé son tout premier arôme né dans le métavers – Coca-Cola Zero Sugar Byte – en Amérique latine, en Chine et aux États-Unis.

Plus près de nous, la marque de restauration rapide des Émirats arabes unis Pickl s’est également lancée dans le métavers. En partenariat avec Commercial Bank International, Pickl a lancé une plateforme de commande métavers numérique-physique lors de GITEX GLOBAL en novembre 2022. Les visiteurs pouvaient entrer dans le restaurant virtuel de Pickl, passer leur commande, puis recevoir un hamburger physique quelques minutes plus tard. « Entrer dans le métavers a permis de solidifier la position de Pickl en tant que marque avant-gardiste et leader dans l’industrie F&B », explique Stephen Flawith, PDG et fondateur de Pickl. « Depuis l’introduction du poulet chaud Nashville et de la viande végétale Impossible aux Émirats arabes unis jusqu’au fait de devenir la première marque à l’échelle régionale, voire mondiale, à créer une véritable expérience de restauration métavers numérique à physique, il est toujours prioritaire pour nous de repousser les limites. »

Le métavers est également une option innovante pour les restaurateurs qui cherchent à stimuler l’engagement du public. « Tout comme le restaurateur tire parti des médias sociaux pour partager des photos de plats, le métavers leur permet de passer au niveau supérieur en créant une expérience immersive et engageante autour de l’histoire des recettes, de la vision du chef ou de la provenance des ingrédients », explique Sam Huber, PDG de LandVault, une société de construction de métavers. « C’est un moyen de raconter des histoires d’une manière beaucoup plus dynamique et engageante que simplement via des images ou des vidéos, ce qui permet de se connecter avec le public à un niveau beaucoup plus profond. »

Fondée en 2018, LandVault a construit plus de 100 millions de pieds carrés d’expériences virtuelles pour Mastercard, Hershey’s, Standard Chartered, L’Oréal, et bien d’autres. L’expert souligne l’exploration de différentes offres d’engagement avec le métavers pour séduire les utilisateurs, comme le déblocage de réductions sur des aliments physiques, l’accès à des recettes exclusives ou des interactions privées avec leurs chefs préférés. Avec Hershey’s India et Philippines, par exemple, l’expérience Decentraland a été conçue pour atteindre un public mondial et offrir aux gens une nouvelle façon de s’engager avec la célèbre marque de chocolat.

Exploiter le potentiel et les faiblesses
Selon Pickl’s Flawith, l’intérêt du Moyen-Orient pour le métavers F&B est comparable à l’introduction de la livraison de nourriture en ligne. « Lorsque Domino’s a lancé sa commande en ligne en 2007, la plupart des gens ont probablement trouvé beaucoup plus simple et plus fiable d’appeler leur pizzeria locale et de passer une commande directement par téléphone. Mais au fil du temps, la technologie s’est améliorée et des applications comme Deliveroo et d’autres applications alimentaires sont apparues et ont rendu les choses si simples qu’elles se font désormais presque exclusivement en ligne », souligne-t-il.

Il est essentiel que les fondateurs de restaurants et les bailleurs de fonds fassent preuve de patience lorsqu’ils explorent cette voie. « La technologie Web3 n’en est qu’à ses débuts », déclare M. Raju. Il y a beaucoup à découvrir, à innover et à créer. Avec un afflux constant de talents technologiques, les choses devraient évoluer rapidement au cours des prochaines années. La phase actuelle est celle d’une grande expérience. « Les fondateurs et les projets essaient de nouvelles choses, certaines peuvent réussir et d’autres non », ajoute-t-elle.

S’il est possible d’influer sur des problèmes tels que la pénurie et l’insécurité alimentaires, il convient de noter que la technologie n’en est encore qu’à ses balbutiements. « Je pense que la formation et l’éducation seront deux domaines qui verront les plus grands changements positifs provenant des métavers, la réalité virtuelle finissant par devenir la façon dont la plupart d’entre nous acquièrent de nouvelles compétences dans un environnement numérique réaliste. Cela permettra aux gens de maîtriser des compétences plus rapidement et plus facilement qu’auparavant, ce qui améliorera les normes dans tous les domaines, de la cuisine au service », ajoute M. Flawith. Faisant écho au même point de vue, M. Huber de LandVault a souligné le rôle des métavers en tant que plateforme éducative « parce que le contenu est si engageant que le taux de mémorisation est plus élevé que sur les plateformes sociales. »

Pour ce qui est de l’avenir, Pickl est optimiste quant à la possibilité de se développer davantage lorsque l’occasion se présentera. « À mesure que la technologie des métavers devient plus courante et largement adoptée, je pense que davantage d’opportunités se présenteront à nous pour en tirer parti, mais nous ne serons pas une marque qui fait quelque chose juste pour le plaisir de le faire – cela doit ajouter de la valeur et aider à faire avancer l’industrie », conclut M. Flawith.

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