Pourquoi se faire des amis quand on peut avoir des hologrammes intelligents dans le métavers ?

Mark Zuckerberg imagine un monde où les objets physiques seraient remplacés par des hologrammes interactifs et où les avatars de l’IA feraient partie de nos cercles sociaux et professionnels. Cette vision ambitieuse est ce qu’il appelle le « métavers ». Zuckerberg a fait part de son projet lors de Meta Connect, la conférence annuelle organisée par son entreprise, Meta, qui a marqué sa première réunion en personne depuis 2019.

Dans son discours d’ouverture, Zuckerberg a reconnu les deux réalités dans lesquelles les gens naviguent aujourd’hui : le monde physique, qu’il a qualifié d' »incroyable », et le monde numérique débordant de « contenu ». Il a décrit comment ces deux réalités se sont entremêlées au fil du temps, le « monde réel » évoluant vers un mélange de physique et de numérique. Selon lui, cela soulève la question intrigante de savoir comment unifier ces expériences.

M. Zuckerberg a ensuite évoqué sa vision d’un avenir où la réalité physique et ses objets tangibles deviendraient superflus. Il a prophétisé : « Dans un avenir pas si lointain, je pense, vous entrerez dans une pièce et il y aura autant d’hologrammes de choses numériques avec lesquelles vous pourrez interagir qu’il y a d’objets physiques ». Il a souligné que de nombreux objets physiques – papier, médias, jeux, œuvres d’art, postes de travail et écrans – pourraient tous se transformer en hologrammes interactifs.

En étendant ce concept à l’interaction humaine, M. Zuckerberg a imaginé un monde où certaines des personnes que vous rencontrez sont physiquement présentes, tandis que d’autres apparaissent sous forme d’avatars ou d’hologrammes. Il a assuré que tout le monde se sentirait également « présent ». Et cela ne s’arrêterait pas aux avatars humains ; il y aurait aussi « un tas d’IA incarnées sous forme d’hologrammes » qui aideraient à accomplir diverses tâches.

Aussi fascinant que soit cet avenir, on ne peut s’empêcher de réfléchir à ce que l’on ressentirait si l’on retirait un casque et que l’on se retrouvait face à une réalité physique en déclin, abandonnée au profit d’un monde habité par des avatars de l’IA. Que resterait-il de nos maisons, de nos murs et des vestiges du passé ?

Aller vers le méta

En 2021, Mark Zuckerberg a rebaptisé Facebook « Meta ». Cette décision marquait un tournant par rapport à l’objectif principal de l’entreprise, à savoir la publicité sur les médias sociaux. Meta avait pour objectif de devenir une entreprise de matériel informatique. Au fil des ans, Meta a investi massivement dans la recherche et le développement de casques de réalité virtuelle et de lunettes intelligentes. Sa division Reality Labs, chargée de réaliser la vision métavers de Zuckerberg, a enregistré une perte stupéfiante de 7,7 milliards de dollars américains au premier semestre 2023, selon les états financiers.

En octobre de l’année précédente, Meta avait déjà déversé un montant cumulé de 36 milliards de dollars américains dans le projet de métavers. La création de la réalité mixte, c’est-à-dire la fusion des mondes physique et numérique, s’est avérée être un formidable défi technique. Pour y parvenir, il fallait mettre au point un matériel à faible latence et haute fidélité qui soit léger, confortable et suffisamment élégant pour que les gens puissent le porter sur leur visage.

Apple, société de matériel informatique chevronnée, a travaillé sur un appareil similaire, le Reality Pro, qui devrait être commercialisé au prix de 3 499 dollars l’année prochaine. La vidéo de présentation du Reality Pro contient un moment surréaliste dans l’histoire de la technologie grand public. Elle montrait une scène dans laquelle un père portant le casque enregistre ses enfants en train de jouer ensemble. Dans ce plan inversé, nous apercevons ce que les enfants voient : non pas les yeux aimants de leur père capturant un moment précieux, mais un coûteux casque conçu par Apple.

Depuis des décennies, la technologie, en particulier les appareils photo des smartphones, médiatise de plus en plus nos réalités. Cependant, cette scène a quelque chose de remarquable : elle soulève la question de savoir si nous voulons céder le contrôle de notre réalité aux cadres de la Silicon Valley au nom de la commodité, de la productivité et d’un « contenu numérique dynamique ». La réponse est peut-être un non catégorique.

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